LA LOCALISATION aux mains est assez répandue dans la population générale ; la prévalence est d’environ 10 %. Les formes chroniques et sévères bien que relativement rares (5 à 7 % des cas) concernent en France environ 100 000 à 200 000 adultes. Cet eczéma chronique aussi appelé dermatite chronique est un syndrome anatomoclinique au cadre nosologique flou et multifactoriel : terrain atopique, phénomènes irritatifs, allergie de contact, barrière cutanée défectueuse. L’étiologie reste indéterminée dans 50 % des cas. Les lésions sont variées : hyperkératose, vésicules enchâssées prurigineuses, fissures, voire pulpites très difficiles à prendre en charge... Elles peuvent être diffuses ou localisées au dos ou à la paume des mains, à la face palmaire des doigts, à la pulpe des doigts. L’évolution se fait par poussées entrecoupées de rémissions ou de façon persistante sur des années.
Écoute et empathie.
L’atteinte de la peau des mains provoque un handicap fonctionnel, professionnel, esthétique et social plus important que ne le voudrait la surface cutanée lésée. Une reconversion professionnelle est nécessaire dans 8 % des cas. Aux souffrances physiques s’ajoutent des souffrances psychiques liées à la persistance de ces lésions douloureuses, visibles et palpables. « L’auto-questionnaire DLQI prend peu de temps à faire remplir en consultation. C’est un outil précieux pour aborder et mesurer les répercussions des douleurs, brûlures et démangeaisons sur la qualité de vie, le travail et la vie sexuelle dans les 7 derniers jours », indique le Dr Brigitte Milpied, Bordeaux, rappelant « qu’écoute et empathie sont le gage d’une bonne observance des traitements et des mesures de prévention ».
Avant tout traitement l’enquête dermatologique et allergologique recherche des causes d’irritations physiques ou chimiques et de possibles allergènes pour tenter de les éliminer : travail à risque en milieu humide (infirmières, restaurateurs...), loisirs à risque (bricolage). La puvathérapie locale donne des rémissions partielles chez 30 à 80 % des patients mais elle est contraignante (3 séances par semaine) et parfois difficile à mettre en place si elle est loin du domicile.
Si besoin recours à l’alitrétinoïne.
Toctino est le seul rétinoïde systémique à avoir l’AMM (depuis 2008) chez l’adulte dans les eczémas chroniques sévères des mains résistants au traitement de première intention par dermocorticoïdes puissants. « Ce traitement du ressort du spécialiste doit être instauré dans le respect des règles de prescription de l’AMM : bilan hépatique, thyroïdien, contraception efficace chez la femme en âge de procréer, tests de grossesses. La tolérance est relativement bonne hormis des céphalées, effet secondaire le plus fréquent, en particulier à l’initiation. Le traitement per os (10 à 30 mg/j) pendant 3 à 6 mois peut-être rapidement efficace en un mois », explique le Dr Gilles Rostand (Nice). Le patient est alors plus accessible aux messages d’éducation thérapeutique : port de gants, éviter le contact de l’eau très chaude, importance des émollients pour restaurer la barrière cutanée.
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Françoise Amouroux
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