L’ANNEAU EST EN PASSE de supplanter le gel. En matière de prévention du VIH, les récents travaux sur l’anneau vaginal suggèrent que cette méthode est plus efficace et pourrait être bientôt utilisée chez la femme. Des chercheurs des laboratoires CONRAD en collaboration avec l’université d’Utah ont mis au point un anneau faisant appel à une technologie inédite permettant de délivrer un antirétroviral, le ténofovir, à dose constante sur plusieurs mois. Testé pour l’instant chez la brebis, cet anneau composé de caoutchouc hydrophile a permis de relarguer au moins 10 mg de l’antirétroviral par jour pendant 90 jours. Récemment, des chercheurs du Population Council avaient montré l’efficacité d’un anneau vaginal contenant du MIV-150 chez le macaque, tandis qu’un anneau délivrant de la dapivirine est déjà en cours d’évaluation dans un essai de phase III.
Comme un réservoir.
Les anneaux vaginaux existent depuis les années 1970, mais le vrai boom de la recherche pour exploiter le procédé ne s’est produit qu’avec les perspectives d’une utilisation à visée prophylactique contre le VIH. « Nous avons développé une nouvelle technologie d’anneau vaginal composé de plastique caoutchouté hydrophile capable de se gonfler d’eau et imbibé d’antirétroviral », explique le Dr Patrick Kiser, de l’université d’Utah et investigateur principal. La technologie conventionnelle des débuts n’autorisait pas la délivrance des médicaments hydrosolubles comme le ténofovir. Cet anneau se comporte comme un réservoir capable d’absorber l’eau, une fois placé dans le vagin. Le Dr David Friend, l’un des auteurs et chef de produit chez CONRAD, ajoute que « la plupart des anneaux vaginaux relarguent une quantité limitée de médicament par jour, mais cet anneau peut libérer des quantités 1 000 fois plus importantes en raison de ses polymères spécifiques hydrophiles à perméabilité élevée ».
Favorise l’observance.
Cet anneau vaginal permettrait de délivrer une dose similaire, voire supérieure, de ténofovir à celle observée après application de gel, quoi qu’il en soit suffisamment élevée pour empêcher la transmission du VIH. « Nous avons comparé l’anneau à du gel à 1 % de ténofovir, explique le Dr Friend. Si les résultats chez la brebis se confirment chez l’homme, nous émettons l’hypothèse que l’anneau sera très efficace dans la prévention du VIH. » L’anneau vaginal présente le très gros atout de favoriser l’observance, ce qui est l’une des clés fondamentales de l’efficacité d’un traitement. De plus, il pourrait être utilisé pour délivrer de façon combinée d’autres molécules, par exemple à visée contraceptive (un projet combinant le ténofovir au lévonorgestrel est actuellement à l’étude) ou autre (antiherpétique).
2 012. Publication prévue dans le 12e numéro d’Antimicrobial Agents and Chemotherapy.
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