LES HÉMANGIOMES INFANTILES (HI) ou « fraises » touchent 5 à 10 % des nourrissons et apparaissant souvent au niveau du visage. La phase de croissance, jusqu’à quelques mois après la naissance, est suivie d’une phase de régression spontanée ou d’une phase, non systématique, qui correspond à la persistance de séquelles cutanées suite à la disparition de la tumeur. Une attention particulière est portée aux localisations à proximité des lèvres, du nez ou des paupières, en raison du risque de complications fonctionnelles (visuelle, respiratoire) et de lésions cicatricielles.
La physiopathologie serait due à une prolifération anormale des cellules endothéliales constitutives de la paroi des vaisseaux sanguins. Les facteurs favorisants sont une grande prématurité, un petit poids de naissance, une grossesse difficile ou multiple, et le sexe féminin (les filles sont plus touchées que les garçons). Les HI seraient également beaucoup plus rares sur une peau de couleur. Une partie des HI est simplement surveillée en attendant leur régression spontanée. Dans les formes sévères ou à risque, les traitements sont instaurés dans les premières semaines ou mois de vie. La chirurgie précoce a des indications précises et limitées et le laser pulsé à colorant n’est pas efficace sur les formes agressives.
Le traitement médicamenteux de référence est la corticothérapie par voie générale, mais sa tolérance est problématique à cet âge car elle induit de nombreux effets secondaires. En cas d’échec, des traitements encore plus lourds peuvent être envisagés comme l’interféron ou la vincristine. Il est certain que l’arrivée impromptue des bêtabloquants, et du propanolol en particulier, dans l’arsenal thérapeutique va remettre en question la prise en charge des HI problématiques.
De la découverte à l’industrialisation.
Le Dr Christine Labrèze, dermatologue dans l’unité de dermato pédiatrie du CHU de Bordeaux, a observé, pour la première fois, l’effet thérapeutique du propanolol chez un nourrisson traité par corticothérapie pour un hémangiome de la pyramide nasale, et par le bêtabloquant pour une myocardiopathie hypertrophique. « Nous avons observé un changement de couleur et l’affaissement de l’angiome, et la corticothérapie a pu être arrêtée en deux mois sous propanolol. Nous avons ensuite proposé le traitement à d’autres enfants atteints d’HI menaçants. Dans tous les cas, il se produit un ramollissement rapide de la lésion et une régression plus ou mois complète en fonction du type d’angiome et de l’âge auquel est initié le traitement. » D’ores et déjà, le propanolol peut être considéré comme une alternative raisonnable chez les nourrissons présentant un HI corticorésistant, et un brevet a été déposé en octobre 2007. Mais il n’y a pas d’AMM dans cette indication et seules des études contrôlées de grande envergure et des essais cliniques rigoureux pourront dire si, à l’avenir, le propanolol peut supplanter la corticothérapie.
Pour réaliser ces investissements lourds, un partenariat université/industrie s’imposait et un contrat de licence exclusive et mondiale a été signé le 10 juillet 2008 entre l’Université de Bordeaux et Pierre Fabre Dermatologie. Le laboratoire s’engage à assurer le développement de ce nouveau traitement dans le cadre légal d’une AMM en Europe et aux États-Unis, et à mettre au point une forme pédiatrique adaptée. La date de dépôt du dossier de demande d’AMM est programmée pour 2011. Une quarantaine de centres participent à ce vaste programme, la moitié en Amérique du Nord (USA et Canada) et l’autre moitié en Europe (Espagne, France, Italie et Allemagne).
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