VACCINER avec le BCG pour traiter l’asthme, l’idée a de quoi surprendre. C’est pourtant ce qu’ont testé avec succès chez l’animal des chercheurs du laboratoire d’immunothérapie à l’Institut Pasteur. « En 1997 déjà, une étude japonaise rapportait que le BCG protégeait de l’asthme, explique au «?Quotidien?» le Pr Gilles Marchal, directeur des recherches. La tuberculose est fréquente au Japon, de l’ordre d’environ 50 cas pour 100 000 habitants. Dans certaines régions urbaines, où la vaccination antituberculeuse est réalisée dès la naissance avec contrôle systématique à 6 et 12 ans, les médecins nippons avaient observé que les enfants faisaient 2 à 3 fois moins d’asthme. »
BCG déshydraté.
Il ne s’agit pas d’un vaccin antituberculeux classique. « Le BCG EFD (pour Extended Freeze-Drying en anglais), est une souche inactivée par déshydratation, avertit le chercheur. Énorme atout par rapport au vaccin vivant atténué, il n’entraîne aucune sensibilisation et peut être injecté plusieurs fois. Contrairement au vaccin lyophilisé, où un certain degré d’hydratation est respecté, le vaccin BCG EFD contient moins de 1,5 % d’eau et la bactérie est tuée. Ce vaccin modifié n’interfère ni avec la tuberculose ni avec le vaccin antituberculeux. » L’effet du BCG EFD réside ailleurs. « Le BCG EFD induit des cellules du système immunitaire, les cellules dendritiques plasmacytoïdes, précise le
Pr Marchal. Ces cellules présentatrices d’antigènes entraînent à leur tour la production de cellules T régulatrices. Ce sont elles qui contrôlent la réponse inflammatoire, de manière identique à ce qui se passe spontanément au cours d’une maladie inflammatoire. »
Deux formes d’inflammation.
Point fort des travaux de l’équipe française, le BCG EFD a été testé dans deux espèces animales, le cobaye et la souris, chacune présentant une forme d’inflammation différente. « Chez l’homme, il existe deux composantes dans l’asthme, poursuit le médecin. À la fois une inflammation des muqueuses, comme chez le cobaye, et une inflammation cellulaire, comme chez la souris. Le fait d’avoir obtenu des résultats satisfaisants dans les deux espèces est rassurant pour les essais à venir chez l’homme. » Pour leurs travaux, les chercheurs ont utilisé des rongeurs développant une forme sévère d’asthme après des administrations répétées d’allergène par voie nasale. Dans le groupe non traité, le décès de l’animal peut survenir lors de l’épreuve finale d’inhalation de l’allergène. à l’inverse, dans le groupe traité, les paramètres respiratoires sont quasiment normaux. « Après l’administration de BCG EFD, la protection lors d’un nouveau contact avec l’allergène persiste pendant plusieurs mois. Trois à quatre mois plus tard, le produit n’est plus actif et une nouvelle injection peut être effectuée. » Différents allergènes ont été utilisés, ovalbumine et extraits de pollens de graminées. Le procédé pourrait s’apparenter aux désensibilisations en allergologie, à ceci près que les cellules T régulatrices sont d’action large et non pas spécifique d’un allergène donné.
Des essais chez l’homme sont prévus prochainement chez des adultes atteints d’asthme modéré. « On espère ainsi pouvoir stabiliser la maladie et sa sévérité, diminuer le recours aux bronchodilatateurs et la corticothérapie au long cours. » Pas de crainte particulière pour la tolérance. « Entre la dose minimale active et la dose maximale tolérée, il existe un facteur multiplicateur de 1 000. Autant dire que le produit est quasi inoffensif. Trois milliards d’enfants ont été vaccinés par le BCG de par le monde, sans qu’aucun accident grave ne soit survenu. » La technique de fabrication est simple. Mais, patience, il faut attendre les résultats des essais cliniques et compter au minimum trois ou quatre ans avant d’envisager l’utilisation du produit en pratique.
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