Au départ de l'enquête, un double constat : malgré les nombreux moyens de contraception, le nombre d'IVG reste stable et la grande majorité des femmes en demande d'IVG prennent un contraceptif. Cherchez l'erreur. Erreur de contraception ou inefficacité du moyen contraceptif ? « Le premier moyen de contraception demandé est la pilule et il est très efficace. Mais, dans la vie réelle, on relève 8 % d'échecs, c'est-à-dire de grossesses, sous pilule. À cause des oublis… », répond le Dr Sylvain Mimoun, gynécologue (hôpital Cochin, Paris).
Les raisons de l'échec
Dans cette enquête, 39 % des Millenials (aussi appelées génération Y) qui prennent une contraception orale reconnaissent avoir oublié de prendre leur pilule au moins une fois au cours du mois écoulé, et 20 % de celles-ci une fois ou même plusieurs par semaine… En fait, ces oublis observés dans la tranche des 21-29 ans s'expliquent. C'est une période de changements stressants : nouveau travail ou nouvelle formation, installation avec son partenaire ou début d'une relation avec un nouveau partenaire, déménagement… Qui dit changement dans la vie quotidienne dit augmentation du niveau de stress et oublis de toutes sortes : de se démaquiller avant de se coucher, de recharger son portable, de régler le réveil, d'enlever ses lentilles, de prendre ses clés et - plus gave - de pilule (2e position après le démaquillage !).
Les raisons de ces oublis : essentiellement un emploi du temps chargé, l'absence d'horaire fixe pour prendre la pilule, le manque de rangement dans un endroit visible, une modification des habitudes, le stress au travail ou à l'université. C'est normal, explique Jean-Claude Kaufmann, sociologue (CNRS), « plus de 80 % des gestes quotidiens effectués à la maison sont gérés par la routine. Chacun fait une foule de gestes automatiques comme prendre un bol pour le café, sans avoir à réfléchir. Or c'est le moment de la vie ou l'on a le moins de routines. Parce qu'à cet âge chaque jour est différent, qu'on n'aime pas la routine, qu'on ne range pas et que les routines (avec les enfants, au travail…) ne sont pas encore mises en place ». À partir du moment où il faut penser chaque jour à faire un geste comme avaler une pilule et où l'on est préoccupé, stressé, les oublis sont inévitables…
Les résultats de l'enquête ne sont donc pas surprenants. En revanche, puisqu'on connaît les raisons des échecs de la pilule dans cette tranche d'âge, « on peut s'étonner que celle-ci reste la seule solution proposée aux jeunes femmes, se lamente le Dr Mimoun. On en est encore à penser, médecins compris, que le DIU est risqué chez les nullipares. Il existe pourtant des stérilets hormonaux progestatifs de petite taille qui conviennent bien aux femmes n'ayant pas encore eu d'enfant et leur éviteraient d'avoir à penser tous les jours à leur contraception… et de l'oublier. »
* Enquête Opinion Health/Bayer, réalisée en juin 2016, dans 9 pays dont la France auprès de 4 500 jeunes femmes.
D'après une conférence de presse de Bayer.
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