Le terme de « dermatite de contact » fédère en fait trois entités que leurs caractéristiques différencient dans les présentations les plus typiques : elles n’en sont pas moins proches au plan de la clinique comme de l’histologie.
Dermatite de contact irritative
La dermatite irritative résulte d’une sollicitation cutanée aspécifique, excessive et généralement récurrente, par des substances chimiques diverses telles que l’eau, les savons, les désinfectants, etc.
Des facteurs physiques mécaniques (frottements, pression, abrasion, coupures, etc.) et thermiques (chaleur, froid) ou un rayonnement ultra-violet (UV) sont également connus pour provoquer ou aggraver l’inflammation locale.
Cette forme est la plus fréquente des dermatites de contact (elle représente 70 % à 80 % des cas). Souvent d’origine professionnelle, elle peut s’observer après une seule exposition à des irritants puissants mais résulte généralement d’une exposition cumulative altérant progressivement la peau et faisant le lit d’une agression cutanée par des produits longtemps restés bien tolérés.
Tout comme la dermatite de contact allergique (cf. ci-dessous), elle implique les cellules immunitaires, mais est secondaire à l’activation de l’immunité innée (et non de l’immunité adaptative) : lors d’une agression, les kératinocytes cutanés sécrètent des cytokines pro-inflammatoires, favorisant le recrutement sur le site lésé de leucocytes eux-mêmes producteurs de médiateurs pro-inflammatoires, d’où modifications histologiques et survenue d’un eczéma clinique.
Dermatite de contact allergique
L'allergie est une réaction inappropriée et excessive de la réponse immune adaptative de l’organisme au contact d’un composé étranger qui, chez la plupart des individus, n’induit pas de réaction spécifique. La dermatite allergique est un phénomène retardé, se développant en deux phases successives.
- Phase de sensibilisation.
Le produit sensibilisant exogène est le plus souvent un haptène, i.e. une substance de faible masse moléculaire, non immunogène par elle-même mais qui, une fois qu’elle a traversé la peau, s'associe à une protéine endogène pour former un couple haptène-protéine constituant l'allergène complet.
Ce dernier est capté par les cellules dendritiques de l'épiderme (cellules de Langerhans) qui migrent au travers de la peau pour le présenter aux lymphocytes T (CD4+) des ganglions lymphatiques qu’elles sensibilisent.
Cette phase asymptomatique dure de quelques jours à plusieurs années.
- Phase de déclenchement.
Elle survient dans un délai de 24 à 48 heures chez un sujet sensibilisé remis en contact avec l'allergène. Ce dernier est à nouveau présenté aux lymphocytes, mais ceux-ci, sensibilisés, le reconnaissent.
Ils prolifèrent, sécrètent des cytokines pro-inflammatoires et recrutent des lymphocytes CD8+, tous ces phénomènes se conjuguant et initiant une cascade de réactions aboutissant à l’infiltration cellulaire cutanée et à la constitution des lésions eczémateuses.
Les substances susceptibles de déclencher ce type de dermatite sont nombreuses et souvent banales (tableau I) : la dermatite peut donc suivre leur usage dans des activités quotidiennes, des soins ou dans un environnement professionnel. L’allergie au latex, par exemple, augmente en fréquence pour concerner désormais entre 1 % et 5 % de la population.
Elle concerne surtout certains groupes à risque : patients multi-opérés, personnels de santé, professions exposées au latex (allergie reconnue comme maladie professionnelle), patients atteints d’allergies alimentaires du groupe latex-fruits (kiwi, banane, avocat et châtaigne) et sujets atopiques.
Les photoallergènes ne sont quant à eux responsables d’eczéma qu’après une exposition aux rayons ultraviolets UV (lumière du soleil) : c’est le cas pour certains médicaments ou produits cosmétiques.
Dermatite de contact aux protéines
Cette forme particulière de dermatite de contact fut autonomisée en 1976 par deux dermatologues danois, Niels Hjorth et Jytte Roed-Petersen.
Elle se rapproche de la dermatite allergique (avec laquelle elle peut être associée), les allergènes mis en jeu étant des protéines animales (arthropodes, poissons, viande, abats, sang, etc.) ou végétales (fruits, légumes, épices et plantes aromatiques, graines, farines) voire des enzymes.
Les professions à risque sont avant tout les personnels du secteur alimentaire (boulangers, bouchers, cuisiniers,…) mais aussi les vétérinaires et le personnel des laboratoires d’élevage. Cette dermatose est favorisée par un terrain atopique.
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Françoise Amouroux
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