Il avait fallu 7 ans à Didier Jambart pour gagner son procès. Ce Nantais de 52 ans, atteint de la maladie de Parkinson, avait en effet attaqué en justice le fabricant de Requip (ropinirole). La cause ? Son médicament aurait provoqué chez lui une forte addiction au jeu qui lui aurait coûté environ 50 000 euros, ainsi qu'une hypersexualité pénible à vivre. En 2011, le tribunal de Nantes, puis la Cour d'appel de Rennes, lui avaient finalement donné raison, condamnant le laboratoire à lui verser la somme de 207 000 euros, ainsi que 17 000 euros à la caisse primaire d’assurance-maladie de Loire-Atlantique.
Cette affaire, qui n'est pas isolée, aurait sans doute aujourd'hui trouvé son épilogue plus rapidement. Car si on soupçonne depuis longtemps certains anti-parkinsoniens d'être responsables d'une impulsivité qui déclenche troubles alimentaires, hyperactivité sexuelle, envies d'achats ou dépendance aux jeux, de récents travaux viennent valider et renforcer cette hypothèse. Ce que nous apprend l'étude publiée la semaine dernière dans la revue américaine « Neurology », c'est que ces effets indésirables seraient bien plus fréquents qu'on le croyait.
Cette étude, menée sur 411 patients français montre qu'au cours d'une période de cinq ans, ces troubles du contrôle des impulsions frappent près de la moitié (46 %) de ceux traités avec des agonistes dopaminergiques. Jusqu'à présent, la survenue de ces troubles était déjà décrite dans la littérature. Mais l'absence de suivi long laissait croire à une incidence beaucoup moins élevée, de 10 à 15 % en un an.
Qui sont ces patients joueurs malgré eux ? « Ce sont des gens qui vont se ruiner au casino, se lever la nuit pour vider leur frigo, ou avoir une sexualité débordante », explique le Dr Jean-Christophe Corvol, de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP). « Ils vont se mettre à acheter des voitures de luxe. Un patient qui avait beaucoup d'argent disait qu'il avait acheté une Porsche, et sa femme corrigeait : non, tu en as acheté quatre d'un coup », poursuit-il.
Les joueurs sont peut-être plus nombreux, mais ils n'ont plus la main qui tremble…
Avec l'AFP.
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