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Tramadol en transit

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Publié le 13/11/2017
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Mais qu’a-t-il bien pu passer par la tête de Laura Plummer ? Mystère. Cette Britannique trentenaire s'était en tout cas imaginé qu'elle pouvait sans encombre passer la douane d'un aéroport Égyptien avec une valise bourrée de médicaments. Et pas n'importe lesquels ! Près de 300 comprimés de tramadol et quelques dizaines de naproxène étaient naïvement posés sur le dessus de ses affaires. Inutile de dire que les agents de sécurité n'ont eu aucun mal à découvrir le pot aux roses. Depuis le 9 octobre dernier, Laura Plummer croupit ainsi dans une prison égyptienne. Car au pays des pharaons, on ne plaisante pas avec l'usage toxicomaniaque du tramadol. Comme dans de nombreux pays du pourtour méditerranéen, le produit est, en Égypte, la drogue la plus consommée comme substitut de l'héroïne.

Pourquoi la Britannique avait-elle cette drôle de pharmacie de voyage dans ses bagages ? Tout simplement parce que son compagnon égyptien souffre d'un mal de dos tenace depuis un sévère accident survenu il y a quelques années. Laura Plummer, qui n'est pas son épouse légitime - l'homme est déjà marié en Égypte -, lui rend donc visite 2 à 3 fois par an avec dans sa valise de quoi le soulager. C'est un collègue à elle qui se « débrouille » pour lui fournir le nécessaire. Jeudi dernier, elle comparaissait pour la troisième fois devant la justice égyptienne. Soupçonnée de trafic de drogue, elle risque jusqu'à 25 ans de prison et même potentiellement la peine de mort. Son père a beau hurler innocence et sa naïveté dans la presse britannique, la cause sera difficile à défendre… « Elle voulait juste rendre service. Elle a glissé du talc, du gel à raser, des lames de rasoir et toutes sortes de choses dans sa valise pour aider cet homme. Elle ne saurait pas faire la différence entre du tramadol et du Panadol », plaide son paternel.

Nul ne peut dire si l'argument suffira à sauver sa fille. Et l'on ne peut que réprimer un frisson en réalisant que, dans un pays où la peine de mort est toujours en vigueur, la bêtise peut encore tuer.

Didier Doukhan

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3388