Selon une étude des NIH

Deux fois plus de cancer de l'utérus chez les utilisatrices de produits de lissage des cheveux

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Publié le 27/10/2022
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L’utilisation fréquente de produits chimiques de lissage des cheveux serait associée à un risque plus que doublé de cancer de l’utérus, révèle une étude des NIH, publiée dans le « Journal of the National Cancer Institute ».
Un risque qu'il convient de relativiser car le cancer de l'utérus est un type de cancer relativement rare

Un risque qu'il convient de relativiser car le cancer de l'utérus est un type de cancer relativement rare
Crédit photo : GARO/PHANIE

L'équipe de Che-Jung Chang, Katie M O'Brien, et Alexander P Keil, avait déjà mis en évidence que les teintures capillaires permanentes et les produits de lissage pouvaient augmenter le risque de cancer du sein et des ovaires. Mais, dans cette nouvelle recherche, aucune association entre le cancer de l'utérus et d’autres produits capillaires comme les teintures capillaires, l’eau de Javel, les mèches ou les permanentes n'a été retrouvée.

L’étude a été menée à partir des données de 33 497 Américaines âgées de 35 à 74 ans suivies pendant près de 11 ans, dans le cadre de l'étude Sister sur les facteurs de risque du cancer du sein et d'autres problèmes de santé. Sur la période de suivi, 378 cas de cancer de l'utérus ont été diagnostiqués parmi les participantes.

Une incidence en hausse notamment chez les femmes noires

Les femmes utilisant les produits de lissage plus de quatre fois par an étaient plus susceptibles de développer un cancer de l'utérus par rapport à celles qui n'utilisaient pas les produits. « Nous avons estimé que 1,64 % des femmes qui n'ont jamais utilisé de produits de lissage développeraient un cancer de l'utérus avant l'âge de 70 ans ; mais pour les utilisatrices fréquentes, ce risque monte à 4,05 % », indique, dans un communiqué, l’autrice principale, Alexandra White, responsable du NIEHS, branche des NIH dédiée à la santé environnementale.

« Ce taux de doublement est préoccupant, estime-t-elle. Cependant, il est important de replacer ces informations dans leur contexte - le cancer de l'utérus est un type de cancer relativement rare. » Cancer le plus courant de l'appareil reproducteur féminin, le cancer de l’utérus représente environ 3 % de tous les nouveaux cas de cancer.

Mais son incidence est en hausse aux États-Unis, en particulier chez les femmes noires. Dans l’étude, environ 60 % des utilisatrices de produits de lissage au cours de l'année précédente étaient des femmes noires auto-identifiées. « Parce que les femmes noires utilisent plus fréquemment des produits de lissage ou de défrisage des cheveux et ont tendance à commencer à les utiliser à un âge plus précoce que les autres ethnies, ces résultats peuvent être encore plus pertinents pour elles », juge Che-Jung Chang, premier auteur et chercheur au NIEHS.

Déterminer les substances en cause

Les auteurs n’ont pas récolté d’informations sur les marques ou les ingrédients des produits, mais relèvent que plusieurs produits chimiques sont retrouvés dans les produits de lissage, et notamment les parabènes, le bisphénol A, les métaux et le formaldéhyde.

Selon les auteurs, l’absorption de ces substances via les produits de lissage pourrait être accrue et « plus préoccupante » en raison d'une assimilation par le cuir chevelu exacerbée par les brûlures et les lésions causées par les lisseurs. Ils appellent à des recherches supplémentaires, notamment pour identifier les produits chimiques spécifiques qui peuvent augmenter le risque de cancer chez les femmes.

En commentaire, des experts invoquent un « principe de précaution » et appellent « à l'action », même si « des incertitudes demeurent ». Le recours à ces produits chimiques, parfois dès l’adolescence, ainsi que l’augmentation mondiale de l'incidence du cancer de l'utérus, suggèrent qu’un « changement de politique » et des interventions visant à réduire l'exposition à ces produits potentiellement dangereux « pourraient avoir un impact sur la prévention et le contrôle du cancer et offrir une multitude d'avantages pour la santé des populations ».

 

Elsa Bellanger

Source : Le Quotidien du Pharmacien