IL EST ADMIS de longue date qu’une humeur positive, qui se traduit concrètement par un bon équilibre émotionnel, la joie de vivre, l’enthousiasme et le contentement, est associée à une diminution de la mortalité, une amélioration des défenses immunitaires et une baisse du risque de diabète et d’hypertension artérielle (1). En revanche, une humeur négative (colère, hostilité et/ou dépression) est associée à un accroissement du risque cardio-vasculaire. Fait essentiel, l’humeur positive est en grande partie indépendante des sentiments négatifs temporaires, anxiété, colère ou dépression, provoqués par les événements de vie.
Une échelle en 5 points.
Afin de déterminer si une humeur positive protège de la maladie coronaire, K. W. Davidson et coll. ont entrepris d’étudier la relation entre ce trait de caractère et le risque d’événement cardio-vasculaire dans le cadre de la Nova Scotia Health Survey, en partenariat avec les services de santé de la province de Nouvelle-Écosse (2). Cette étude a porté sur 1 739 adultes inclus en 1995. Des infirmières entraînées ont réalisé des entretiens structurés et ont coté le niveau d’humeur positive des sujets au moyen d’une échelle de 5 points. La dépression, l’hostilité et l’anxiété ont été évaluées au moyen d’échelles spécifiques. Les événements comptabilisés ont été les épisodes d’insuffisance coronaire aiguë documentée, fatale ou non. La durée de la période de suivi a été de dix ans.
Au total, 145 épisodes d’insuffisance coronaire aiguë ont été dénombrés, la population étudiée étant de 14 916 patients-années. Après ajustement sur les facteurs de risque cardio-vasculaire, l’âge et le sexe, une humeur positive a été associée à une réduction du risque d’événement coronaire avec un rapport des cotes de 0,78 (intervalle de confiance à 95 % : 0,63-0,96), cette réduction apparaissant statistiquement très significative (p = 0,002). Les symptômes de dépression sont apparus prédictifs de coronaropathie, comme attendu, avec un rapport des cotes de 1,04 (intervalle de confiance à 95 % : 1,01-1,07, p = 0,004). En revanche, l’hostilité et l’anxiété ne sont pas apparues corrélées aux événements coronaires, la différence d’incidence d’événements coronaires entre les groupes ayant ces traits de caractère et ceux qui en sont dépourvus n’atteignant pas le seuil de significativité statistique (p › 0,05).
Les auteurs évoquent les mécanismes physiopathologiques susceptibles d’être mis en jeu dans le lien entre humeur et coronaropathie, comme l’activation du système nerveux parasympathique, un sommeil de meilleure qualité ou un tabagisme moins fréquent. Ils soulignent également les limites de ce travail, en particulier le fait que le niveau de risque cardio-vasculaire des sujets de l’étude n’a été déterminé qu’à l’inclusion et a pu varier au cours du suivi, d’une durée de dix ans.
Enfin, K. W. Davidson et coll. concluent en soulignant l’importance probable des techniques d’activation comportementale dans les troubles émotionnels chez les coronariens. Des essais cliniques sont d’ailleurs en cours.
Dans un éditorial (3) qui accompagne l’article, B. Pitt et P. J. Deldin indiquent que l’étude de K. W. Davidson et coll. ne permet pas de présumer de la nature du lien, direct ou indirect, entre humeur et maladies cardio-vasculaires, dont les implications thérapeutiques sont importantes. Ils posent également la question de l’efficacité à long terme d’une humeur positive et du rôle délétère des événements de vie.
(1) Pressman SD, Cohen S. Does positive affect influence health ? Psychol Bull 2005 ; 131 (6) : 925-71.
(2) Davidson KW, et coll. Don’t worry,
be happy : positive affect and reduced
10-year incident coronary heart disease : the Canadian Nova Scotia Health Survey. Eur Heart J 2010 (en ligne .
Doi :10.1093/eurheartj/ehp603).
(3) Pitt B, Deldin PJ. Depression and cardiovascular disease : have a happy day – just smile ! Eur Heart J 2010 (en ligne. Doi :10.1093/eurheartj/ehq031).
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques