Les MICI sont essentiellement représentées par la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique (RCH), mais il existe des formes « inclassées » inscrites dans la liste des ALD 24.
Malgré les 250 000 cas en France, les MICI sont difficiles à identifier, leurs symptômes étant souvent assimilés à des problèmes digestifs qui n'ont pas la même sévérité. Leurs évolutions épidémiologiques et cliniques ces dernières années sont également des obstacles pour poser un bon diagnostic. « Le pharmacien doit se montrer vigilant et perspicace et se poser les bonnes questions pour améliorer la prise en charge », confie Alain Olympie, directeur général de l'AFA*. Longtemps considérées comme des maladies touchant les jeunes, avec une prévalence dans le nord de la France, les MICI se répartissent aujourd'hui du bébé à la fin de vie, avec des pics entre 10 et 30 ans et autour 60 ans.
Plusieurs cas significatifs ont été enregistrés dans des départements du sud de la France (Hautes-Alpes, Pyrénées Orientales, Haute-Corse). « Le pharmacien doit être alerté par la récurrence de troubles digestifs chez un même sujet qui fait, par exemple, deux ou trois "gastros" dans l'année, poursuit Alain Olympie. Il doit s'interroger sur la perte d'appétit, qualifiée d'anorexie, chez une adolescente de 10-12 ans. » La présence de sang dans les selles dépasse parfois la simple crise hémorroïdaire, surtout si les épisodes se répètent et s'accompagnent de douleurs intestinales et de troubles du transit. Il ne faut pas passer non plus à côté d'une appendicite.
Des symptômes extradigestifs, parfois isolés, compliquent et retardent également le diagnostic ; ils sont d'ordre ostéoarticulaire (arthrites, arthralgies), dermatologique (aphtes, pyoderma), ophtalmique (uvéite). « L'incidence pédiatrique est de 7 à 10 cas pour 100 000, et chez l'enfant, c'est plus compliqué, souligne le représentant de l'AFA. L'un des repères est la rupture de la courbe de croissance ; les antécédents familiaux sont une autre piste car il existe des formes familiales. »
L'accompagnement du patient par le pharmacien
Classiquement la maladie de Crohn et la RCH sont des maladies qui évoluent par poussées. Elles s'accompagnent de douleurs abdominales avec des émissions de glaires et ou de sang dans les selles, des atteintes de la région du rectum et du côlon pour la RCH, et de la bouche à l'anus pour la maladie de Crohn. L'examen clinique doit être méthodique. La coloscopie est l'examen le plus probant pour identifier une MICI, en revanche l'examen des selles n'apporte pas d'argument diagnostique valable. La pathologie ne peut pas être pas attribuée à la présence de candida, colibacilles, staphyo ou streptocoques souvent non pathogènes.
L'inflammation intestinale chronique est en relation avec une activité anormale du système immunitaire intestinal et l'étude du microbiote est la piste de recherche la plus sûre. « Face à la méconnaissance de la maladie, le rôle du pharmacien est de rassurer et d'informer le patient, d'intervenir au niveau de la gestion du stress et de la fatigue chronique, insiste Alain Olympie. Ses conseils concernent aussi la nutrition et la façon de bien s'alimenter en repérant d'éventuelles carences vitaminiques (B12, D) ou en micronutriments. » Il n’existe aucun aliment susceptible de déclencher l’apparition d’une MICI, ni de régime type à suivre pour soulager ou prévenir une crise inflammatoire ou rester en rémission. En pratique, une alimentation qualitativement variée et quantitativement suffisante est primordiale, mais nécessite souvent certaines adaptations pour la rendre plus digeste afin d’améliorer le confort de vie et surtout le transit. Il est conseillé de privilégier certains aliments lors de la poussée, de bien mastiquer, de préparer et cuisiner différemment, et de fractionner les prises alimentaires sur la journée.
*L’AFA est l'organisation française reconnue d’utilité publique, qui se consacre aux Maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI).
D'après une conférence de l'AFA, Crohn & RCH France, à PharmagoraPlus 2 017.
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