Le but de ce premier forum intitulé « Penser la douleur, panser les douleurs », qui suivait la journée mondiale de lutte contre la douleur du 15 octobre, est de faire reconnaître la douleur à la fois comme une « épreuve personnelle » pour les patients et comme une « grande cause collective » qui mériterait d’être inscrite en tant que priorité de santé publique dans le plan « Ma Santé 2022 ». C’est en tout cas l’une des propositions portées par le plaidoyer signé par onze organisations (associations de patients, syndicats de professionnels de santé et sociétés savantes)*.
Appelant les pouvoirs publics à améliorer la prise en charge des patients douloureux, ce qui permettrait de réduire les impacts sanitaires, sociétaux et économiques de la douleur, ce plaidoyer énumère une série de mesures permettant de structurer le parcours de soins. Outre l’inscription au plan « Ma Santé 2022 », quatre autres mesures sont prioritaires aux yeux des signataires. La première consiste à former tous les professionnels de santé concernés à l’évaluation et à la prise en charge de la douleur, en particulier dans les « populations vulnérables et mal communicantes », en s’appuyant sur un socle commun de connaissances et en systématisant le recours aux outils d’évaluation. « L’enseignement de la douleur et des soins palliatifs ne représente que 20 heures en six années d’études de médecine. Cette formation n’est pas optimale. On se bat pour le bon usage mais cela passe par la formation de tous ceux qui sont autour du patient : les médecins, les infirmières, les pharmaciens, etc. », explique le Pr Serge Perrot, président de la Société d’étude et de traitement de la douleur (SFETD) et organisateur de ce forum.
Coordination interprofessionnelle
Autre mesure à mettre en œuvre : améliorer les actions de prévention de la douleur pour les patients ayant subi certains soins spécifiques, par exemple à la suite d’une opération chirurgicale, ainsi que dans la prise en charge des situations de handicap. Cette vision préventive imagine une implication plus forte des professionnels de santé de première ligne et des acteurs médico-sociaux « dans les stratégies de prévention de la douleur et de sa chronicisation ». Il est aussi souhaitable d’encourager la recherche pour une meilleure compréhension des mécanismes de la douleur pour renforcer l’efficacité de la prévention et de la prise en charge. La 4e mesure envisagée entre pleinement dans l’exercice collaboratif et interprofessionnel que le gouvernement veut voir se développer chez les professionnels de santé et les établissements de santé. Il s’agit en effet de renforcer le rôle et le fonctionnement des réseaux de soins, les coordinations interprofessionnelles et la coordination hôpital-ville.
« L’un de nos combats est la reconnaissance de la douleur pas seulement dans les centres de la douleur mais à tous les échelons du parcours patient, car il faut en moyenne 5 ans pour qu’un patient arrive dans une structure spécialisée. Autre combat : la reconnaissance de la complexité de la prise en charge de la douleur et donc une valorisation de la consultation médicale associée car elle est beaucoup plus longue que la moyenne », ajoute le Pr Perrot. À ses yeux, la coordination est indispensable pour une prise en charge réussie. Et le pharmacien incontournable. « Il est au cœur de la prise en charge avec toutes les questions de bon usage et d’automédication, il devient un acteur fondamental avec le conseil pharmaceutique ou la conciliation médicamenteuse, il garantit la sécurité du patient et l’efficacité de la thérapeutique », note le Pr Serge Perrot.
Premier motif de consultation
Il est urgent d’agir pour soulager les millions de Français (20 % de la population) qui souffrent de douleur chronique modérée à sévère et s’en trouvent handicapés, isolés, inactifs, voire moralement atteints. Selon le texte du plaidoyer, « près d’un patient douloureux sur trois estime que la douleur est parfois tellement forte qu’il ressent l’envie de mourir ». En outre, le livre blanc sur la douleur paru en 2017 indique que la douleur est le premier motif de consultations tant dans les services d’urgence que chez le médecin généraliste, ce qui correspond à un surcoût annuel de 1,2 milliard d’euros. Une bonne raison pour en faire un sujet de premier plan.
*Association française de lutte antirhumatismale (AFLAR), Association francophone pour vaincre les douleurs (AFVD), Fibromyalgie France, Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Société française d’anesthésie et de réanimation (SFAR), Société française d’études et de traitement de la douleur (SFEDT), Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG), Société française de médecine d’urgence (SFMU), Société française de rhumatologie (SFR), Société française de médecine physique et de réadaptation (SOFMER).
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques