Dans le monde, plus d’un milliard de personnes souffrent d’une ou plusieurs maladies tropicales négligées. Voilà ce que rappelle le Dr Gautam Biswas en préambule de l'entretien qu'il a accordé au « Quotidien ». Engagé dans la lutte contre les parasitoses tropicales, le médecin, qui dirige à l'OMS le département dédié au contrôle de ces affections, ne veut pas croire à la fatalité. Ainsi, souligne-t-il, d'impressionnants progrès ont déjà été réalisés dans la lutte contre l’onchocercose, la filariose lymphatique ou encore la maladie de Chagas. Mais dans le même temps, depuis 2014, d’importantes flambées épidémiques de dengue, de chikungunya, d'Ebola ou de Zika ont touché la population de bien des pays.
L’intensification des voyages et des échanges commerciaux, combinée à des facteurs environnementaux, tels la déforestation et le changement climatique, ne sont pas étrangers au phénomène. « Car ces facteurs influent sur les populations de vecteurs et sur les schémas de transmission des agents pathogènes à l’origine de beaucoup de maladies », explique le Dr Biswas. Pour enrayer cette évolution, l'OMS préconise plusieurs mesures : intensifier la détection et la prise en charge des cas, améliorer la lutte antivectorielle, appliquer des mesures de santé publique vétérinaire et garantir une eau sans risque sanitaire. Et, pilier de cette stratégie : l'extension de la chimiothérapie préventive. Un objectif d'autant plus important à atteindre que, pour certaines maladies, la transmission baisse nettement lorsqu’un seuil donné est atteint pour la couverture de la population. « Autrement dit,augure le Dr Biswas, si on redouble encore d’efforts pour étendre la chimiothérapie préventive nous pourrions éliminer plusieurs de ces maladies anciennes d’ici à 2020. »