Quelques définitions
Incontinence urinaire : perte involontaire d’urine par le méat urinaire.
Périnée : partie formant le plancher pelvien qui s’étend entre l’anus et les parties génitales. Composé de muscles, le périnée participe au mécanisme de rétention ou d’évacuation de l’urine et des selles.
Plancher pelvien : ensemble des muscles qui supportent les organes de l’appareil urinaire (vessie, urètre et rectum).
Urètre : conduit excréteur de la vessie. Court chez la femme, il est plus long chez l’homme et a une double fonction, urinaire et reproductrice. Chez l’homme, dans sa partie haute, il est enserré par la prostate.
Méat urinaire : orifice par lequel s’évacue l’urine.
Détrusor : muscle qui entoure la vessie et qui participe à sa vidange en se contractant.
Urgenturie : envie irrésistible et soudaine d’uriner.
Pollakiurie : augmentation de la fréquence des mictions.
Dysurie : difficulté à la miction.
Bilan urodynamique : bilan spécialisé et complet visant à explorer le mécanisme d’incontinence. Il est recommandé avant un traitement chirurgical pour incontinence d’effort, ou mixte, en cas de pathologie associée ou en cas d’échec de traitement par anticholinergique.
Un peu de physiopathologie
On estime que 3 à 5 millions de Français sont concernés par l’incontinence urinaire. Il s’agit donc d’un trouble fréquent, dont l’incidence augmente avec l’âge.
On distingue trois mécanismes aboutissant à une fuite urinaire :
L’incontinence d’effort est principalement liée à une perte du tonus des muscles du plancher pelvien, à l’origine d’une hypermobilité de l’urètre. La fuite urinaire survient par augmentation de la pression abdominale après un effort physique de type éternuement, toux, rire, port de charge lourde ou pratique sportive. Cette forme correspond à la majorité des incontinences chez les femmes ;
L’incontinence par impériosité, ou syndrome d’hyperactivité vésicale clinique, se traduit par des envies impérieuses d’uriner (urgenturie). Cette incontinence est liée à une hyperactivité du détrusor, sans cause apparente ou consécutive à une affection neurologique (maladie ou traumatisme). La vessie se contracte anormalement, même lorsqu’elle n’est pas pleine ;
L’incontinence par regorgement est la forme la plus fréquente chez l’homme. La fuite urinaire est consécutive à une rétention vésicale, suite à une obstruction. Chez l’homme, la cause majeure est l’hyperplasie de la prostate. Chez la femme, ce type d’incontinence peut être lié à un prolapsus. L’origine iatrogène peut également être évoquée. L’urine s’écoule lorsque la vessie est pleine, en goutte à goutte. Cette forme se manifeste généralement par une pollakiurie ou une dysurie.
Les incontinences mixtes regroupent l’incontinence d’effort et l’incontinence par impériosité.
Les gouttes retardataires, c’est-à-dire les gouttes d’urine qui s’écoulent après la miction, ne sont pas considérées comme des fuites urinaires.
Les facteurs favorisant la survenue de l’incontinence
L’incontinence est favorisée par un ensemble de facteurs, réversibles ou non. L’âge, la grossesse et l’accouchement fragilisent la musculature pelvienne, de même que la pratique de certains sports (l’équitation, l’haltérophilie, musculation des abdominaux). D’autres facteurs comme la constipation, la toux chronique, les infections urinaires basses, la ménopause et le prolapsus génital, augmentent le risque d’incontinence.
L’incontinence est également favorisée par :
Les pathologies métaboliques comme le diabète ou l’obésité, les affections neurologiques (accidents vasculaires ou traumatiques, sclérose en plaques, Parkinson), l’altération de l’état général, et les interventions chirurgicales ;
La prise de médicaments comme les diurétiques, ou les médicaments favorisant la rétention (antidépresseurs, antihistaminiques, antiparkinsoniens cholinergiques, antipsychotiques).
Enfin, les mauvaises habitudes, notamment les apports hydriques excessifs ou la consommation de caféine ou d’alcool, sont associées à la survenue d’une incontinence urinaire.
Les traitements de l’incontinence urinaire
Le traitement de l’incontinence, principalement l’incontinence d’effort ou mixte, repose sur la rééducation périnéale en première intention chez les sujets ne présentant pas de troubles neurologiques. La rééducation comporte des exercices de contraction volontaire des muscles pelviens visant à renforcer la musculature du plancher pelvien. Elle peut être manuelle, ou réalisée à l’aide d’une sonde (électrostimulation et biofeedback). Dans tous les cas, la rééducation est pratiquée sous le contrôle d’un kinésithérapeute ou d’une sage-femme.
Les traitements médicamenteux sont essentiellement prescrits dans l’incontinence par impériosité ou mixte. Ce sont des anticholinergiques, qui ont pour effet de s’opposer au relâchement du détrusor.
Les traitements chirurgicaux comportent notamment la pose de bandelette sous urétrale.
Les mots du conseil
Bien que fréquente, l’incontinence urinaire reste une affection sous-diagnostiquée et mal connue. Elle a des répercussions importantes sur la qualité de vie et sur l’estime de soi. Pourtant, dans de nombreux cas, ce trouble n’est pas irréversible si le patient bénéficie de soins adaptés.
La prise en charge de l’incontinence doit être multidisciplinaire, répartie entre les médecins, les sages-femmes, les kinésithérapeutes et les pharmaciens. Ces derniers ont un rôle d’orientation, de prévention et d’accompagnement technique. Au comptoir, les patients et patientes doivent être sensibilisés à l’importance de consulter leur médecin en cas de fuite urinaire. Le diagnostic permet d’une part d’écarter une cause infectieuse, une fistule ou une pathologie plus grave (cancer), d’autre part d’envisager le traitement à mettre en place.
Boire, mais raisonnablement
Des conseils simples doivent être rappelés, comme la régulation des apports liquidiens au cours de la journée (jusqu’à 1,5 l/jour) pour limiter le risque de distension de la vessie.
La pratique d’un exercice physique approprié est recommandée, de même que la réduction des boissons de type café ou tisane.
Le calendrier mictionnel
Le calendrier mictionnel est un agenda qui permet d’analyser le comportement urinaire. Il est utile au diagnostic et pour l’évaluation de l’efficacité d’un traitement. Concrètement, cet outil sert à rapporter les horaires des mictions et des fuites, la quantité de liquide bu et les protections utilisées. Le pharmacien peut expliquer à la patiente l’importance de bien renseigner ce calendrier.
Les produits conseils
Les protections urinaires et autres dispositifs médicaux contribuent à améliorer la qualité de vie, en réduisant l’impact psychologique. Cependant, elles ne permettent pas de soigner l’incontinence. C’est pourquoi il est important de les associer à un diagnostic médical, à des soins curatifs appropriés dont la rééducation périnéale pour réamorcer la statique pelvienne, et à des comportements qualitatifs dont une consommation hydrique raisonnable. L’incontinence urinaire peut être réversible si une prise en charge complète est mise en place. Dans ce cas, les protections urinaires constituent une solution palliative et provisoire. Il convient de mettre en garde les patients contre certains comportements, comme l’utilisation de protections « bricolées » (papier hygiénique, serviettes hygiéniques) qui peuvent aggraver l’incontinence et détériorer encore plus la qualité de vie.
Les protections urinaires
Il existe plusieurs types de protections urinaires, dont le protège-slip, le change complet ou la culotte. Chaque type de protection est défini par une capacité d’absorption et de rétention, et une taille (tour de taille). Selon les marques, le pouvoir absorbant est signalé par un code « goutte » (Tena, Confiance) ou un code couleur (jaune à violet chez Hartmann Molicare).
Le choix de la protection urinaire doit tenir compte du volume de la fuite (qui peut être estimée en goutte ou en verre par exemple), de la morphologie du patient et de son mode de vie. Des échantillons de différentes capacités d’absorption peuvent être proposés. La plupart des produits disponibles sur le marché offrent une protection contre les odeurs et sont conçus pour respecter la peau.
Pour les petites fuites (généralement inférieures à 500 ml) ou les fuites occasionnelles, le choix porte principalement sur des protections de taille réduite de type protège-slip ou protections droites. Discrets et munis d’un adhésif pour un meilleur maintien, les protège-slips et les miniserviettes conviennent parfaitement aux patients mobiles redoutant des fuites urinaires à l’effort. Bien que ressemblant à des serviettes périodiques, ces produits sont plus efficaces et ont un pouvoir absorbant plus adapté pour les fuites urinaires. Pour les hommes, ces dispositifs sont proposés en forme de coquilles, plus adaptés à l’anatomie masculine.
Pour les fuites plus importantes chez des sujets mobiles, le conseil peut porter sur les slips ou culottes absorbantes (type boxer), utilisés en guise de sous-vêtements.
Les changes complets sont conseillés chez les personnes à mobilité réduite, en perte d’autonomie. Des slips filets peuvent être proposés en renforcement des protections. Enfin, les alèses permettent de protéger la literie ou les sièges, quelle que soit la sévérité de la fuite.
Les étuis péniens.
Ces dispositifs peuvent être proposés en cas d’incontinence urinaire masculine modérée à sévère. Le diamètre de l’étui est choisi en fonction du pénis. Les étuis sont associés à une poche de recueil des urines pour fixation à la jambe ou au lit. Ces dispositifs sont pris en charge par l’assurance-maladie.
Les produits de protection cutanée.
Le contact de l’urine avec la peau peut être à l’origine d’une irritation cutanée. Il existe des crèmes ou produits dermoprotecteurs spécifiques à ces situations (gamme Menalind de Hartmann).
L’aménagement de la maison.
Le pharmacien reste également le principal interlocuteur pour conseiller des solutions d’aménagement domestique, dans le cadre d’un service de MAD (maintien à domicile). L’objectif est toujours de favoriser la continence. Si les toilettes sont difficilement accessibles la nuit, des dispositifs comme l’urinal féminin ou masculin avec système antireflux ou un fauteuil garde-robe avec seau (remboursable) peuvent être conseillés. Le conseil peut également porter sur un rehausseur (si la cuvette des WC est trop basse), l’installation de barres d’appui au mur ou des lampes de balisage sur le chemin des toilettes.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques