Quand les fumeurs de joint jouent les cobayes

Par

Publié le 19/09/2019

cannabis au volant
Crédit photo : Phanie

Ils ont fumé des joints et pris virtuellement le volant, mais seulement dans le cadre d'une étude clinique.

Quels sont les effets de la consommation occasionnelle et chronique de cannabis fumé sur la conduite automobile ? Pour le savoir, des chercheurs français (hôpitaux Raymond Poincaré à Garches et Sainte Marguerite à Marseille) ont réalisé une étude qui s’est basée - fait rare - sur ce qui se passe quand on fume vraiment. Au total, 30 fumeurs de cannabis ont été inclus, dont une moitié de fumeurs occasionnels (un ou deux joints par semaine) et l'autre de fumeurs chroniques (un ou deux joints par jour).

L'expérience s'est déroulée sur 3 sessions. Les sujets fumaient, de manière aléatoire et à au moins une semaine d’intervalle, un joint contenant soit du placebo (chanvre textile), soit 10 mg de THC, soit 30 mg de THC, et restaient hospitalisés durant 24 heures à chaque session. Le processus s'accompagnait de prises de sang et de tests salivaires.

Le résultat sans surprise : la consommation de cannabis entraîne une augmentation rapide du THC dans le sang, ce qui allonge le temps de réaction. Mais cet allongement est plus marqué chez les fumeurs occasionnels, sur qui, en outre, l'effet dure plus longtemps (13 heures contre 8 pour les chroniques). Cela s'explique par une tolérance plus grande aux effets de la drogue chez ceux qui fument le plus. À l’inverse, le THC reste détectable dans le sang plus longtemps chez les fumeurs chroniques. Enfin, l'étude révèle des différences dans la façon même de fumer : « Les chroniques tirent davantage sur les joints, car cela leur fait moins d'effet et ils ont besoin d'une dose supérieure », évoque le Pr Alvarez, co-auteur de l’étude.

L'expérience a valu aux chercheurs français des critiques de collègues américains, heurtés par le fait qu'on utilise de vrais joints, évoque le Pr Alvarez. « Bien entendu, nous n'avons initié personne, les sujets étaient tous consommateurs », insiste-t-il.

Rappelons qu’en France, depuis 2010, quelque 500 personnes décèdent chaque année dans un accident de la route avec stupéfiants (cannabis ou autres), selon les chiffres officiels.

Avec AFP.