LA SITUATION en chiffres fait état 365 000 nouveaux cas de cancers par an ; c’est la première cause de mortalité en France. Le taux de mortalité est estimé à 16 % pour les hommes et 8 % chez les femmes, et le taux de survie est de 52 %, tous cancers confondus. Deux malades sur trois reçoivent une chimiothérapie (CT). « Prescrire une CT c’est s’engager au titre du mieux-être du patient, déclare le Pr Roland Burgat, cancérologue à l’Institut Claudius Regaud à Toulouse. De plus en plus de malades vivent avec leur maladie et leurs métastases avec un contrat à durée indéterminée, le risque de récidive à plus ou moins long terme étant toujours présent. »
Avec l’arrivée des thérapies ciblées, de l’oncogénomie, des nouvelles données épidémiologiques et des nouvelles toxicités, les situations vont devenir de plus en plus difficiles à gérer. Le profil de la maladie évolue, le cancer devient une maladie chronique. La prise d’une CT orale à domicile diminue les contraintes de la CT intraveineuse hospitalière, elle permet aux patients de mieux vivre les inconvénients de ces traitements particulièrement lourds. Cependant, il ne faut pas banaliser le traitement oral, ses effets ne doivent pas être sous estimés. Si son efficacité est comparable à celle de la forme intraveineuse, les effets cytotoxiques sont identiques dans le domaine de l’hématologie (thrombopénie, neutropénie), de la sphère digestive, pour la peau et les phanères (alopécie, hyperpigmentation, érythème, syndrome main-pied), pour les muqueuses (mucite, ulcération), pour les gonades. Le patient doit être informé de ces risques et de l’intérêt des thérapies associées comme la dermatologie, la podologie, les soins bucco-dentaires, la compression médicamenteuse, ou encore la nutrition. Elles peuvent l’aider à gérer les toxicités et poursuivre l’intégralité de son traitement, en lui apportant des solutions pratiques, non invasives et peu coûteuses. Le rôle du pharmacien d’officine prend alors toute son importance pour conseiller, assurer une bonne dispensation, favoriser l’observance au domicile et optimiser le parcours de soin.
La place prépondérante du pharmacien
Des soins coordonnés et de qualité témoignent d’un vrai partenariat entre les équipes soignantes et les pharmaciens. « Les soins de support (SOS) ne sont pas une nouvelle spécialité carcinologique, ils s’inscrivent dans la continuité et la globalité du prendre soin, indique le cancérologue. C’est être à l’écoute de la plainte et des désirs du malade. » Les SOS interviennent dès le diagnostic par une consultation d’annonce et/ou de rechute, puis ils intègrent une concertation pluridisciplinaire pour prendre la décision de mettre en route ou non un acte thérapeutique, ainsi qu’un programme personnalisé de soins. « La décision de ne pas traiter fait aussi partie des décisions responsables à prendre de façon consensuelle, le pouvoir doit se partager entre tous les soignants, affirme le Pr Burgat, acteur de l’Oncopole. L’exercice solitaire de l’oncologue n’a plus sa place, tous les professionnels de santé doivent unir leurs compétences respectives. Il en résulte un besoin médical croissant : prévenir, soigner, accompagner, chercher et former », précise-t-il.
Plusieurs raisons légitiment la formation des officinaux en oncologie : ce sont la prévalence grandissante des cancers, la prépondérance des traitements ambulatoires, et le nombre insuffisant d’oncologues, de moins en moins disponibles pour faire face aux nouveaux cas de cancers. Ce décalage justifie un transfert des compétences et une redistribution des rôles entre la ville et l’hôpital. Le lien ville-hôpital devient une réalité. Cette évolution place le pharmacien au cœur du dispositif de soins et fait de lui un acteur de santé de première ligne.
Les autres temps forts qui justifient l’intervention du pharmacien se situent au niveau de la prévention pour éviter les cancers évitables, du dépistage pour multiplier les chances de guérison, et du social pour ne pas ajouter à l’épreuve de la maladie celle de l’exclusion.
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