Prise en charge

Publié le 06/06/2016

La prise en charge d’une tendinopathie associe deux volets : celui du traitement proprement dit et celui de la rééducation tendineuse. Elle exige un repos relatif de l’articulation, supprimant les sollicitations délétères pour le(s) tendon(s) altéré(s).

Dans la majorité des cas, le repos absolu de l’articulation impliquée est généralement peu efficace voire même contre-productif (il entraîne une amyotrophie et ne favorise pas la consolidation tendineuse) : il faut donc continuer à stimuler a minima le tissu lésé. La tendinopathie peut requérir le port d’une contention souple adhésive (orthèse stabilisatrice) ou, rarement, rigide.

Traitement médicamenteux

Il ne constitue pas l’approche essentielle du traitement d’une tendinopathie et n’a d’intérêt qu’à court terme, sur les seules manifestations inflammatoires.

- AINS. Les anti-inflammatoires non-stéroïdiens sont administrés par voie systémique mais surtout, pour en limiter la iatrogénie, par voie topique. Leur action requiert souvent une posologie initiale élevée, poursuivie pendant 10 à 15 jours, avant arrêt progressif. Il faut cependant noter l’absence d’inflammation dans de nombreuses pathologies tendineuses : cette donnée explique l’échec relatif des AINS.

- Corticothérapie. Les infiltrations de glucocorticoïdes constituent généralement une réponse de seconde ligne, à court terme, en raison du risque iatrogène. Leur action dans les tendinopathies reste temporaire et expose à une fragilisation tendineuse.

- Facteurs de croissance autologues. La régénération tendineuse dépend, entre autres, des facteurs de croissance sériques. Il est possible de concentrer des facteurs autologues dans une fraction plasmatique prélevée chez le patient (plasma riche en plaquettes = PRP) puis de l’injecter dans le site lésionnel. Ce traitement est notamment proposé dans les épicondylites, les aponévrosites plantaires ou les tendinopathies calcanéennes.

Prolothérapie

La prolothérapie est une technique utilisée pour traiter divers types de maladies musculosquelettiques chroniques. Des injections, en plusieurs séances, sont réalisées avec un agent irritant pour les ligaments ou les tendons, dont la nature varie.

Il s’agit par exemple d’une solution de glucose ou de morrhuate de sodium (mélange des sels sodiques d'acides gras saturés et insaturés d'huile de foie de morue). Ces injections pro-inflammatoires augmentent localement la concentration en facteurs de croissance, d’où production de nouvelles fibres de collagène et réparation tendineuse.

Ondes de choc

Les ondes de choc ultrasonores extracorporelles sont utilisées pour réduire les calculs rénaux par lithotripsie. Il est possible d’utiliser ces ondes acoustiques de haute énergie sur les tendinopathies : l'organisme réagit en augmentant l'activité métabolique locale, ce qui stimule et accélère la guérison avec effet en quelques semaines.

La technique est contre-indiquée en cas de troubles de la coagulation et de grossesse ; il ne faut pas traiter de lésions proches d’un foyer infectieux, d’une tumeur ou d’une prothèse. Le cartilage de croissance (enfant), les troncs vasculaires et nerveux seront évités. Les effets secondaires sont limités : douleurs d’intensité variable durant la séance et rougeur locale au décours de la séance.

Kinésithérapie/rééducation

Une fois la phase aiguë passée, la tendinopathie bénéficie d’une rééducation reposant sur des massages décontracturants ou des massages transverses profonds effectués au niveau des tendons.

S’agissant des tendinopathies d’insertion, le traitement de rééducation le plus communément proposé est le programme de renforcement excentrique de Stanish permettant de travailler sur l’étirement, la charge et la vitesse.

On y associe de nombreuses techniques ayant un intérêt antalgique et anti-inflammatoire. Elles ne peuvent être détaillées ici : citons, à titre d’exemples : la cryothérapie (sous diverses formes : cold-pack, générateur de froid), la fangothérapie (application de boue volcanique extraite à Battiglia, en Italie, le « parafango »), la neurostimulation transcutanée…

Posturologie/podologie

Diverses tendinopathies ont pour origine des déformations anatomiques innées ou acquises, notamment au niveau du pied. Leur étiologie étant mécanique, le traitement le plus adapté est physique : il passe par la correction des défauts de posture qui permettent d’équilibrer le poids de l’organisme et les sollicitations articulaires, notamment chez des sujets en surpoids.

Ceci dit, si une correction posturale, notamment à l’aide de semelles, diminue voire supprime les douleurs, limite le risque de récidives et ralentit ou arrête l’évolution des déformations, elle ne corrige pas les déformations constituées.

Ostéopathie

Cette approche thérapeutique repose sur la manipulation manuelle du système musculosquelettique : elle soulage certains troubles fonctionnels dont les tendinopathies.

Chirurgie

Les indications chirurgicales restent plutôt rares dans les tendinopathies (sauf fixation d’un tendon rompu). Évoquons la technique du « peignage » qui consiste à enlever les fibres dégénératives pour obtenir une cicatrisation des lésions chroniques.


Source : lequotidiendupharmacien.fr