Le cas le plus emblématique de recul de la vaccination est celui de la rougeole, avec pour conséquence une incidence mondiale qui a pratiquement été multipliée par 3 en quelques années. Sept pays dont 4 européens ont, en 3 ans, perdu leur statut de pays indemne de rougeole. Un recul lié en partie à la désinformation qui concerne aussi d’autres maladies évitables par la vaccination.
« La vaccination prévient 2 à 3 millions de décès par an et pourrait en prévenir 1,5 million de plus si la couverture vaccinale était améliorée. Or un enfant sur 10 ne bénéficie pas des vaccins essentiels, la majorité dans des pays touchés par la misère, les dérèglements climatiques, les conflits. On n’obtiendra pas la santé pour tous sans la vaccination pour tous », insiste le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS.
Jusqu’ici, la vaccination ne constituait pas vraiment une priorité des politiques de santé publique, et ce sommet était l’opportunité de combler cette faille. Plusieurs orientations sont attendues : un engagement politique fort pour assurer une couverture vaccinale optimale ; développer de nouveaux vaccins ou des vaccins plus efficaces, les rendre plus accessibles et cesser leur stigmatisation ; favoriser le partenariat entre les différentes instances publiques et privées pour une vision globale de la stratégie à adopter ; encourager la recherche de financements. Les messages antivaccins sont contemporains de la vaccination mais aujourd’hui leur propagation pose problème y compris dans les pays en développement. Ces messages se propagent d’autant plus facilement que les plus jeunes n’ont pas connu les maladies graves et mortelles de l’époque. « Dans certains pays, y compris en Europe, des programmes politiques jouent sur ces peurs et politisent le débat », alerte le Dr Vytenis Andriukaitis, ancien commissaire européen chargé de la santé et de la sécurité alimentaire. « C’est une priorité d’intervenir contre cette tendance ».
Implication des réseaux sociaux
Maud Sacquet et Jason Hirsch, chargés des politiques publiques respectivement chez Mozilla et Facebook s’engagent à réduire la diffusion des fausses informations et à valoriser des contenus scientifiques : supprimer les messages tendancieux, limiter le référencement des antivaccins par les moteurs de recherche, etc. et parallèlement créer des liens vers l’OMS ou autres sites crédibles, rendre les informations scientifiques plus attirantes et chercher aussi ce qui se cache derrière les campagnes de désinformation.
Approvisionnement en vaccins
Les campagnes anti-vaccination monopolisent l’attention mais ne doivent pas faire négliger l’accès aux soins, la disponibilité des vaccins ni la « dernière étape », c’est-à-dire la vaccination de la population. Pour le Dr Katherine O’Brien, directrice du département Vaccination et produits biologiques à l’OMS « il faut aborder la question de la confiance, s’intéresser à ce qui se joue au sein des communautés et identifier les interlocuteurs privilégiés ». L’ indice de confiance dans la vaccination même imparfait permet d’apprécier l’évolution du sentiment antivaccin. Ainsi en France, le taux de confiance déjà parmi les plus bas a encore diminué. Tous doivent se mobiliser, les professionnels de santé doivent profiter de chaque occasion pour évoquer la vaccination et il faut parler des vaccins à l’école. « Il est crucial de revenir sur des a priori comme “les parents ne savent rien et n’agissent pas dans l’intérêt de l’enfant”, revoir les formes de communication, bannir toute condescendance, s’intéresser au processus de décision des parents, à leur ressenti et leur vécu, aux éventuelles difficultés pratiques qu’ils rencontrent pour vacciner leur enfant », explique le Pr Laetitia Rispel, Présidente de la World Federation of Public Health Associations.
Les conclusions de cette journée sont disponibles sur : https://ec.europa.eu/health/sites/health/files/vaccination/docs/10actio…
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