QUAND ON PENSE Asie ou Afrique, on pense maladies exotiques. C’est vrai, mais les maladies comme la diphtérie, la poliomyélite et le tétanos sont bien présentes aussi. La première étape pour le voyageur est de faire le point sur son statut vaccinal, et si besoin de se mettre à jour conformément au calendrier en vigueur. « Les vaccinations usuelles du carnet de vaccination, c’est-à-dire celles contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche et la rougeole, sont aussi des vaccinations du voyageur. Ça peut paraître implicite, mais il est essentiel de le rappeler », insiste le Professeur Éric Caumes, président du comité des maladies liées aux voyages et des maladies d’importation du HCSP (Haut Comité de Santé publique) et chef de service en maladies infectieuses et tropicales à la Pitié-Salpêtrière.
• La destination, mais pas seulement
La démarche vaccinale à recommander avant un voyage doit prendre en compte un ensemble d’éléments. La destination est une donnée importante mais pas suffisante. Des précisions sur le type, la durée de séjour (hôtel, trekking) et les zones visitées (rizières, forêts, marais) sont indispensables. « Les études disponibles ont permis de démontrer que le risque augmentait avec la durée du séjour. Chaque journée de voyage augmente le risque de maladie d’environ 3 % », explique le Professeur Caumes. Le profil du voyageur, c’est-à-dire son âge et ses facteurs de risque individuels, est également déterminant pour le choix des vaccins.
Une adaptation du programme vaccinal est nécessaire chez les femmes enceintes, chez les patients chroniques ou chez les sujets immunodéprimés afin de tenir compte des contre-indications. À titre d’exemple, la vaccination par le BCG est strictement contre-indiquée chez les patients infectés par le VIH. « Le voyage n’est pas recommandé à partir du deuxième trimestre de grossesse car il existe un risque accru, non seulement d’acquérir certaines maladies graves comme le paludisme, mais aussi de développer une forme plus sévère de cette infection ou d’autres pathologies comme l’hépatite E », souligne Éric Caumes.
• Quelques exemples de vaccination
La vaccination par le BCG est recommandée dans tous les pays présentant une incidence élevée de tuberculose (Afrique, Asie, Europe centrale et de l’Est). Quant à la vaccination contre la fièvre jaune, elle doit être réalisée en cas de séjour en zone endémique, c’est-à-dire dans les pays intertropicaux d’Afrique et d’Amérique du sud. Contrairement à certaines idées reçues, il n’y a pas de fièvre jaune en Asie. Le terme jaune évoque la jaunisse observée au cours de cette infection. Cette vaccination est réalisée en centre de vaccination antiamarile, qui délivre un certificat de vaccination.
En cas de séjour en zone rurale, en Asie ou en Océanie, la vaccination contre l’encéphalite japonaise peut être recommandée. De même, la vaccination contre l’encéphalite à tiques est recommandée pour tout séjour en zone rurale ou en forêt, selon la saison, en Europe centrale et dans certaines parties de l’Asie et du Japon.
Les infections invasives à méningocoques sont favorisées par la promiscuité. La vaccination est recommandée en cas de séjour en zone d’endémie (pays de la ceinture de la méningite). Elle est exigée pour les pèlerinages en Arabie Saoudite.
•Les schémas vaccinaux imposent une anticipation
Un délai est nécessaire avant d’acquérir l’immunisation suite à l’injection du vaccin. Pour l’encéphalite japonaise par exemple, 2 injections sont recommandées avec un intervalle de 28 jours et la dernière injection doit être réalisée au plus tard 10 jours avant le départ. Mais dans certains cas, des schémas accélérés peuvent être proposés comme pour l’hépatite B (3 injections rapprochées sur 21 jours et un rappel à un an). Pour la fièvre jaune, l’injection doit être réalisée au moins 10 jours avant le départ et sa validité est de 10 ans. Cette durée est actuellement discutée et l’OMS considère qu’une dose unique est suffisante pour conférer une immunité à vie. Cette position n’est pas adoptée en France.
Un délai de 28 jours est nécessaire en cas de vaccination antiamarile et de vaccination par un vaccin viral vivant (la rougeole), sauf si ces vaccinations sont réalisées simultanément. Une exception peut être faite en cas de départ imminent en zone à risque.
•Des mesures complémentaires à ne pas négliger
Le vaccin contre la fièvre typhoïde ne protège pas à 100 % et cette vaccination doit s’accompagner de mesures de précaution complémentaires, notamment d’hygiène. Concernant la rage, la vaccination en prévention ne dispense pas d’une vaccination curative. « Elle simplifie le traitement et dispense du recours aux immunoglobulines », précisent les recommandations aux voyageurs 2014.
• Un centre de vaccination international à proximité ?
Les recommandations sanitaires aux voyageurs, actualisées chaque année, et le site du ministère des Affaires étrangères offrent des indications précieuses. Cependant, face à la complexité des recommandations vaccinales, il est fortement recommandé aux voyageurs de rencontrer un médecin vaccinateur exerçant en centre de vaccination internationale (CVI). Ce dernier établira, au cas pas cas, le programme vaccinal nécessaire. Les centres de vaccination internationale sont répartis sur l’ensemble du territoire, dans les centres hospitaliers généralement. À l’officine, le fait d’indiquer l’adresse du centre de vaccination internationale le plus proche, ses horaires d’ouverture et ses particularités constitue un conseil simple mais précieux. La liste des centres habilités à effectuer la vaccination antiamarile est disponible sur le site du ministère de la santé. Certains départements n’en possèdent pas comme les Alpes de Haute Provence, la Haute-Loire ou la Haute-Marne. Enfin, il est important de préciser que certains vaccins ne sont pas remboursables.
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