Elles auraient dû permettre d'entamer la grande transformation de la formation des préparateurs en pharmacie, attendue depuis de longues années. Les expérimentations du diplôme universitaire (DU), qui devaient initialement débuter en ce mois de septembre dans plusieurs facultés, ont finalement été reportées d'un an, victimes de la crise du Covid-19 (voir interview). Prévues pour durer six ans, elles permettront de savoir si ce diplôme de « grade licence » pourra devenir la référence en la matière et supplanter, peut-être, le brevet professionnel (BP). En décembre dernier, la Commission paritaire nationale de l'emploi et de la formation professionnelle de la pharmacie d'officine (CPNEFP) avait soumis aux doyens des facultés de pharmacie un recueil d'activités censé définir les contours de ce nouveau diplôme. Un recueil d'activités, articulé autour de neuf grandes fonctions, qui servira de base de travail lors des réunions qui doivent se tenir ces prochains jours afin d'entériner le référentiel précis du futur DU. Un référentiel qui devra être connu au plus tard le 31 décembre et sur lequel devront s'appuyer les universités impliquées dans ces expérimentations, qui sont au nombre de dix à l'heure actuelle.
Sur le plan de la formation, un autre changement d'ampleur est attendu pour la rentrée prochaine. Un décret, publié au « Journal officiel » (JO) le 20 décembre 2019, a en effet entériné la mise en place d'une passerelle pour les préparateurs titulaires du BP. Ces derniers pourront accéder, à partir de la rentrée universitaire 2021 donc, à la deuxième ou à la troisième année de pharmacie si leur dossier de candidature est retenu. C'est une commission d'admission qui examinera ces dossiers et déterminera en quelle année les préparateurs sélectionnés pourront intégrer le cursus de pharmacie. Une mesure qui s'inscrit dans le cadre de la grande réforme des études de santé, qui a mis fin à la PACES et donner naissance aux nouvelles filières (PASS et LAS).
Autre annonce, plus récente cette fois-ci, la multiplication par deux du nombre de promotions en 2020 et en 2021. « Cette double dose de promotions risque bien évidemment de tirer les rémunérations vers le bas, déjà qu'elles ne sont pas très élevées, redoute Christelle Degrelle, préparatrice et représentante du syndicat CFE-CGC… Cela va permettre de répondre aux plaintes de nombreux pharmaciens qui ont du mal à recruter mais cela risque également de laisser quelques diplômés sur le carreau. Malgré tout, il est encore trop tôt pour voir quelles conséquences cela aura précisément sur le marché de l'emploi pour les préparateurs », souligne Christelle Degrelle.
Une profession qui se sent oubliée
Si les évolutions en cours ou à venir sur la formation semblent démontrer que la dynamique est bel et bien enclenchée quant à l'évolution du métier, le Covid-19 a en revanche rappelé à quel point les préparateurs souffraient d'un manque criant de considération, en premier lieu de la part des autorités sanitaires. Les préparateurs n’avaient en effet pas été intégrés à la liste des professionnels de santé pouvant bénéficier de la dotation des masques d’État avant la deuxième quinzaine du mois d'avril, soit plus d’un mois après le début du confinement. Ils ne faisaient pas non plus partie des professionnels visés par l’arrêté assurant la gratuité de la réalisation d’un test Covid-19, qu’il soit virologique ou sérologique, cette possibilité étant soumise à la présentation de la CPS. De plus, ils n'étaient pas non plus inclus dans la liste des professionnels pouvant bénéficier d'un bon de prise en charge pour être vaccinés gratuitement contre la grippe.
Des éléments qui n'ont fait que renforcer l'envie de la fédération nationale Force Ouvrière (FO) des métiers de la pharmacie de militer pour que les préparateurs en pharmacie soient reconnus comme des professionnels de santé à part entière. Ils « ne sont pas des professionnels de santé autonomes, ne disposent pas d’une carte de professionnel de santé (CPS) puisqu’ils ne répondent pas à ses critères d’attribution. Il faut identifier l’ensemble des préparateurs en pharmacie en exercice, en l’état actuel des choses, seul le brevet professionnel de préparateur en pharmacie permet d’identifier la qualification de ces professionnels », regrettait ainsi le syndicat dans un récent communiqué.
Pendant le confinement, une lettre envoyée par des préparatrices ariégeoises à Emmanuel Macron avait eu un certain écho médiatique. « On aimerait ne pas être oubliées », avaient ainsi écrit les quatre femmes au président de la République. « Dans nos pharmacies, sans nos préparateurs qui font front, ce serait difficile de faire face », témoignait alors le titulaire de la pharmacie dans laquelle elles exerçaient. « Elles ont une reconnaissance sociale forte mais nos édiles ont tendance à les oublier », regrettait-il. Alors que l'épidémie perdure, charge désormais aux élus de prouver qu'ils ont bien reçu le message.
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