Eco-anthropologie

Préhistorique résistance aux antibiotiques

Publié le 03/10/2011

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ON NE SAIT pas trop quoi en penser. Se réjouir ou désespérer. La résistance aux antibiotiques ne serait pas un mal (pharmacologique) aussi moderne qu’on croit. En collaboration avec une équipe de chercheurs canadiens, l’unité « Eco-anthropologie et ethnobiologie » (Muséum national d’Histoire naturelle de Paris/CNRS) vient en effet de faire une étonnante découverte qui apporte un nouvel éclairage sur la compréhension de la résistance aux antibiotiques. L’outil qui a permis cette avancée est une méthode d’isolement de gènes très anciens contenus dans l’ADN de paléo-bactéries. Comprenez de micro-organismes retrouvés dans le pergélisol (sous-sol gelé en permanence, au moins pendant deux ans). En étudiant des carottes glaciaires des territoires du Yukon daté d’environ 30 000 ans, les chercheurs sont parvenus à isoler des ADN de mammouths, de chevaux, de bisons, de plantes, mais aussi de bactéries. C’est dans l’ADN de ces bactéries préhistoriques qu’ont été identifiés des homologues de gènes de résistance aux antibiotiques, et plus précisément, des séquences de gènes de résistance à la vancomycine. Un antibiotique qui a justement généré en milieu hospitalier de redoutables vagues de résistances dans les années 1980. Voulant aller encore plus loin, les scientifiques ont recréé le produit du gène de résistance en laboratoire et démontré que les protéines obtenues avaient une activité et une structure similaires à celles existant aujourd’hui. Pour les auteurs de l’étude, « cette découverte démontre l’ancienneté et le potentiel adaptatif de ces gènes ». Voilà qui donne à penser que si la résistance aux antibiotiques « c’est pas automatique », c’est en tout cas préhistorique !

› DIDIER DOUKHAN