Quelques définitions
Un ectoparasite est un parasite externe qui vit à la surface de son hôte. C'est par exemple le cas du pou de tête Pediculus humanis capitis, à transmission interhumaine et responsable de la pédiculose du cuir chevelu. Il se distingue du pou de corps Pediculus humanus corporis, qui, contrairement à lui, est vecteur de maladies infectieuses, et du pou de pubis, Phtirius pubis, plus communément appelé morpion, et qui peut aussi atteindre le cheveu.
Le pou de tête mesure un à quatre millimètres. Ses trois paires de pattes sont munies d’une pince qui lui permet de s’accrocher aux cheveux. Pour survivre, il a besoin de chaleur, d’humidité et de sang.
Le pou femelle pond des lentes qui mesurent moins d’un mm. Les lentes vivantes, qui contiennent le futur pou, sont fixées à moins de 5 millimètres de la racine du cheveu, et sont d’une couleur grisâtre. Une fois libérées de leur nymphe, les lentes mortes prennent une couleur blanchâtre et s’éloignent du cuir chevelu. Elles peuvent rester attachées au cheveu durant plusieurs mois.
Un peu de physiopathologie
La femelle pou pond en moyenne 4 à 10 œufs par jour pendant 3 à 4 semaines. Elle sécrète un cément, la spumaline, qui va fixer ses œufs en enrobant la base de la lente et du cheveu puis en durcissant au contact de l’air. La lente éclôt sept jours plus tard, libérant une nymphe d’environ 1 mm, qui pique déjà et deviendra un pou adulte de 1 à 4 mm au bout d’une dizaine de jours. À ce stade, celui-ci va commencer à se reproduire et survivra trente à quarante jours en se nourrissant 3 à 4 fois par jour de sang humain.
La pédiculose engendre un prurit plus ou moins important qui est dû à la salive sécrétée par le pou lorsqu’il se nourrit. Il est localisé le plus souvent au niveau de la nuque, des tempes ou derrière les oreilles. Un grattage excessif peut générer des lésions qui peuvent elles-mêmes évoluer vers un impétigo.
La pédiculose est très contagieuse et responsable d’épidémies, notamment dans les collectivités d’enfants. Elle se transmet le plus souvent par contact direct de tête à tête. La transmission indirecte est plus rare mais reste possible car le pou peut survivre jusqu’à 36 heures loin d’une tête et se transmettre via les cagoules, les peignes, les brosses à cheveux, les écharpes…
Les mots du conseil
Le repérage
Il s’agit d’abord de repérer les lentes et les poux sur une tête. Les lentes sont les plus faciles à repérer. Elles sont visibles à l’œil nu. Les lentes vivantes sont de couleur caramel grisâtre, brillantes, ovoïdes et se situent à moins de 5 millimètres de la racine du cheveu. Les coques vides, quant à elles, sont de couleur blanchâtre et sont plus éloignées de la racine du cheveu, au-delà d’un centimètre. Elles ressemblent à des pellicules qui résisteraient à tous les shampooings classiques. Les poux sont plus difficiles à repérer car ils sont beiges transparents et peuvent se déplacer. Pour les repérer, il faut utiliser un peigne fin et observer raie par raie, sur cheveux humides, en insistant particulièrement sur les zones aérées que sont les tempes, la nuque et derrière les oreilles. Cette opération, pour être efficace, doit durer au moins 10 minutes.
Examiner la chevelure de toute la famille avant de traiter, afin d’éviter le risque de réinfestation. En effet, le prurit n’est pas systématique.
L’attaque
Il faudra choisir un traitement adapté à la chevelure et à son degré de contamination. Le shampooing permet une utilisation facile et rapide, ce qui favorise une bonne observance mais dilué dans l’eau, le shampooing insecticide peut être moins concentré que les lotions ou les sprays. On peut donc le recommander dans le cadre d’une infestation légère et réserver les lotions et les sprays aux contaminations importantes.
De façon générale, la lotion s’applique raie par raie et le spray est pulvérisé à la base des cheveux jusqu’à l’imprégnation de toute la chevelure, tout en prenant soin de protéger le visage. Il est ensuite rincé en respectant le temps d’application. On peut proposer les lotions sur cheveux courts et les sprays sur cheveux longs pour une plus grande facilité d’utilisation.
Outre le choix du produit, la durée d’application doit être respectée et le produit doit être appliqué en quantité suffisante et sur toute la chevelure. Tous les membres du foyer infestés doivent être traités simultanément et retraités une deuxième fois 7 à 10 jours plus tard la plupart du temps. Attention à bien protéger les yeux et les muqueuses. À savoir : si le sujet porteur de pou a contracté un impétigo lié aux poux, il faudra d’abord traiter celui-ci avant d’entamer un traitement anti-poux.
Un baume ou un shampooing décolleur de lentes facilite le décrochage des lentes mortes et lisse la chevelure, permettant une utilisation plus aisée du peigne fin.
La consolidation
Une fois le traitement effectué, veiller à bien examiner régulièrement la chevelure, pour repérer rapidement une éventuelle recontamination ou une résistance au traitement. C’est le délai après traitement qui orientera le choix. Si on soupçonne une résistance (présence de poux deux jours après un traitement bien suivi), il faut reprendre un traitement en changeant de classe pharmacologique. Si on soupçonne une réinfestation qui ferait suite à un nouveau contact avec une personne infestée (présence de poux à 12 jours malgré un traitement bien suivi), on peut reprendre le traitement précédent.
La transmission indirecte étant théoriquement possible, il convient de laver le linge lavable à 60° (vêtements, draps, taies d’oreillers) et de pulvériser un spray spécifique sur les peluches, les bonnets, les casquettes, les oreillers… ou de mettre à l’écart dans un sac hermétique tous ces objets pendant 48 heures car le pou ne survivra pas sans son hôte.
Prévenir la collectivité à laquelle l’enfant appartient (crèche, école, centre aéré) pour qu’en connaissance de cause le maximum d’enfants soit traité et pour éviter ainsi une recontamination.
Comprendre l’ennemi
Le pou suscite de nombreuses croyances. Celle qui consiste à croire qu’on trouve les poux sur les gens sales est la plus dangereuse car les enfants touchés peuvent être stigmatisés à l’école et le vivre très mal, les parents peuvent avoir honte et ne pas oser venir chercher un traitement ou signaler aux collectivités (écoles, crèches, garderies) que leur enfant a des poux, ce qui ne fait qu’entretenir le cercle vicieux des transmissions de poux et les épidémies. Il est donc essentiel de rassurer les familles : un pou ne choisit pas entre une tête sale et une tête propre !
Se laver tous les jours avec un shampooing classique ne servira à rien car le pou ferme momentanément les orifices qui lui permettent de respirer. De même, l’eau vinaigrée ou l’huile d’olive n’ont pas prouvé leur efficacité.
Les croyances veulent aussi que le pou saute de tête en tête : non le pou ne vole pas et ne saute pas ! On peut juste lui concéder sa rapidité à se déplacer. Contrairement à lui, la lente ne bouge pas et donc ne s’attrape pas.
Les produits-conseils
Avec ou sans insecticide
Les produits sans insecticide agissent sur les poux en les asphyxiant et en les déshydratant. En effet, si le pou résiste à l’eau, il est au contraire sensible aux corps huileux. Parmi les produits, on trouve entre autres des huiles et des dérivés siliconés. Les huiles pénètrent par les orifices respiratoires du pou, provoquant un bouchon et bloquant ainsi sa respiration. Le pou est enrobé d’un film d’huile et meurt asphyxié et déshydraté. L’huile de coco par exemple est commercialisée à cet effet.
Les dérivés siliconés agissent aussi par un mécanisme physique. La diméticone se dépose sur la surface du pou et, en séchant, forme un film hermétique qui bloque les orifices respiratoires et excrétoires, et l’hydratation du pou. Le pou ne peut alors plus éliminer l’eau absorbée lors de son repas sanguin, ce qui provoque une rupture de l’intestin. Le cyclométhicone est parfois utilisé conjointement au diméticone car ses propriétés antistatiques et émollientes améliorent la diffusion du diméticone. La diméticone est moins efficace sur les lentes que sur les poux.
Agissant aussi par asphyxie ou déshydratation, on trouve aussi le myristate d’isopropyle ou l’oxyphtirine. Un des avantages de ces produits sans insecticide est l’absence d’absorption par les parasites, et donc l’absence de résistance.
Les traitements à base d’insecticide, quant à eux, agissent par une action neurotoxique. Ils se divisent en deux grandes familles : les dérivés naturels de pyrèthre et dérivés pyréthrinoïdes de synthèse sont représentés par la perméthrine, la phénothrine, la dépalléthrine : Hegor antipoux, Itax, Item, Para plus, Para spécial poux, Parasidose… Souvent, dans les formules, le butoxyde de pipéronyle est associé aux pyréthrinoïdes car il inhibe les enzymes responsables de leur dégradation. Les pyréthrinoïdes ne sont que partiellement efficaces sur les lentes et peuvent provoquer des irritations locales.
Les organophosphorés avec notamment le malathion sont retrouvés dans Para plus, Prioderm… Le malathion est efficace sur les poux et les lentes mais il a une odeur désagréable et la durée d’application qui est recommandée est plus longue.
L’huile essentielle d’Ylang-Ylang est ajoutée à certains traitements pour calmer les irritations du cuir chevelu.
On trouve aussi des traitements à base d’huiles essentielles tels que Ecrinal poux huiles essentielles, Item KO poux huiles essentielles, Pediakid balepou…
Les répulsifs et l’environnement
Les laques ou sprays répulsifs sont destinés à prévenir une contamination. Ils sont composés de repellents tels que l’IR3535, le DEET, d’huiles essentielles (Altopou cheveux répulsif, Ecrinal poux répulsif, Paranix répulsif, Parasidose répulsif, Pediakid balepou…) ou de substances naturelles (extrait d’eucalyptus citronné dans Apaisyl poux prévention ou Pouxit répulsif…). Attention aux contre-indications telles que l’asthme.
Le traitement de l’environnement (literies, vêtements, peluches, canapé, siège auto…) s’effectue grâce à des bombes insecticides à base de pyréthrinoïdes ou de géraniol (Altopou environnement, Paranix environnement, Parasidose environnement…).
Pour détecter la présence de lentes, Apaisyl détect lentes permet une coloration des bandes de protéines qui composent l’enveloppe de la lente en formant un complexe stable qui résiste à l’eau et au shampooing. Il permet de vérifier une infestation ou une réinfestation ou de contrôler l’efficacité d’un traitement.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques