Deux tiers des malades ne sont pas diagnostiqués

Plaidoyer pour une meilleure prise en charge de la BPCO

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Publié le 20/11/2017
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Associations de patients et professionnels de santé publient un livre blanc pour faire de cette maladie une priorité de santé publique.
BPCO

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Crédit photo : phanie

Les propositions de ce plaidoyer en faveur d'une meilleure détection et prise en charge de la BPCO visent à alerter les pouvoirs publics sur la méconnaissance de cette maladie et appeler à la mise en œuvre d'un plan d'action ambitieux.

Environ 3 millions de personnes sont concernées en France par la BPCO ; 40 % des patients en activité sont contraints à une mise en invalidité ou un congé maladie longue durée. Cette maladie insidieuse est responsable chaque année de 150 000 hospitalisations et d'environ 18 000 décès en France. Si la BPCO est fréquente, elle est pourtant largement méconnue du grand public, mais aussi, des professionnels de santé et des responsables politiques. Ce paradoxe est à l'origine de la publication d'un Livre Blanc*, de la part des associations de professionnels de santé et de patients** soutenues par un collectif de parlementaires. « À travers ce Livre Blanc, nous avons voulu orienter nos actions autour de 4 grands axes. Nous souhaitons notamment alerter les pouvoirs publics et susciter un plan quinquennal, dès 2018, qui serait le point de démarrage d'actions sur le long terme. Nous voulons également sensibiliser le gouvernement, la population, mais aussi les professionnels de santé, à la BPCO car beaucoup connaissent mal cette maladie », souligne le Pr Nicolas Roche, pneumologue à l'hôpital Cochin (Paris), vice-président de la Société de pneumologie de langue française (SPLF). De fait, aujourd'hui encore deux tiers des malades ne sont pas diagnostiqués, alors même que le repérage précoce permet d'éviter de nombreuses complications.

Renforcer la prise en charge et la recherche

Outre ces objectifs, les rédacteurs du Livre Blanc souhaitent revoir l'offre de formation des professionnels de santé pour améliorer la prise en charge de la maladie et clarifier le parcours de soins du patient. « Nous avons besoin d'une meilleure coordination des efforts des différents professionnels de santé et des pouvoirs publics. L'objectif étant de permettre aux patients atteints de BPCO de vivre aussi normalement que possible. Car nous avons les moyens thérapeutiques pour les soulager et limiter les complications », confie le Pr Roche.

Par ailleurs, le Livre Blanc met l'accent sur l'amélioration nécessaire de l'accès aux traitements et à la prise en charge médicale (médicaments, aide au sevrage tabagique, incitation à l'activité physique…). « Nous avons aussi besoin d'améliorer la recherche concernant les mécanismes de la BPCO. Des progrès en matière de recherche épidémiologique sont, en outre, nécessaires. Nous savons, en effet, que la BPCO est très fréquente mais nous ne connaissons pas exactement le nombre de personnes touchées parce que nous ne savons pas la diagnostiquer de façon systématique », déplore le Pr Roche.

Le rôle du pharmacien

Amené à voir très régulièrement ses patients atteints de maladies chroniques, en sevrage tabagique et/ou souffrant de bronchites récidivantes, le pharmacien est en première ligne dans la prévention et la prise en charge de la BPCO. « Ce professionnel de santé peut aborder la BPCO par le biais de ses comorbidités. Il peut repérer chez un patient qu'il voit souvent, un risque de développer la maladie et lui conseiller de consulter son médecin pour envisager une spirométrie de détection », affirme le Dr Frédéric Le Guillou, président de l'Association BPCO. Le pharmacien peut également participer au repérage de la maladie en effectuant lui-même la mesure du souffle dans son officine. « L'année dernière, j'ai mené une campagne de prévention sur la BPCO avec l'URPS Pharmaciens de la Nouvelle-Aquitaine. J'ai ainsi constaté que les pharmaciens sont demandeurs d'actions de prévention. Un certain nombre se sont formés avec succès à la mesure du souffle et peuvent donc la réaliser eux-mêmes, au sein de l'officine. Ce type d'initiative correspond à une réelle envie de leur part de faire évoluer leur métier », assure le Dr Le Guillou.

Outre la dispensation, le pharmacien doit accompagner le patient en matière d'observance thérapeutique. « 90 % des traitements de la BPCO sont des traitements inhalés. Or, dans de nombreux cas, les patients n'utilisent pas ces dispositifs ou les utilisent mal. Le pharmacien doit leur montrer systématiquement la façon dont ils doivent s'en servir ; il doit aussi s'assurer qu'ils savent les utiliser », note le Pr Roche. Pour cela, le pharmacien peut notamment accéder, depuis son officine, à un outil en ligne - intitulé ZEPHIR et développé par la SPLF - présentant des vidéos d'utilisation de toutes les thérapeutiques inhalées de l'asthme et de la BPCO.

 

* Le Livre Blanc « Faire de la BPCO une urgence de santé publique pour le quinquennat » a été réalisé grâce au soutien du Laboratoire Chiesi.
** Association BPCO, Fédération française des associations et amicales de malades insuffisants ou handicapés respiratoires (FFAAIR), Fédération française de pneumologie (FFP), Fondation du souffle, Société de pneumologie de langue française (SPLF).

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3390