Épisode 1 :
L’État nous demande de délivrer des masques antiprojections, et ce gratuitement. Allons, allons, on ne va quand même pas faire payer alors qu’il s’agit d’un problème majeur de santé publique…
État : bénéfice - Pharmaciens : zéro.
Épisode 2 :
La vaccination s’opère dans des gymnases, en occultant totalement le secteur libéral. Les médecins ne vaccinent pas, les pharmaciens ne délivrent pas, la Sécu n’a pas d’actes supplémentaires à rembourser. Ouf ! Le déficit a encore failli se creuser…
État : bénéfice - Pharmaciens : encore zéro.
Épisode 3 :
On nous demande d’acheter un stock de Tamiflu, remboursable à 35 % par l’assurance-maladie. Soudain, notre Tamiflu ne peut plus être délivré et n’est plus pris en charge par la Sécu. Et oui, notre Tamiflu a un gros défaut : il n’est pas gratuit.
État : bénéfice - Pharmaciens : encore pire que zéro (car notre Tamiflu finira par périmer…)
Épisode 4 :
En lieu et place de notre Tamiflu payant, nous devons maintenant délivrer du Tamiflu gratuit, celui qui était destiné aux armées. C’est presque le même que le nôtre, sauf qu’au lieu de la marge habituelle, celui-là nous est royalement rétribué 1 euro HT, soit 6 fois moins.
État : bénéfice - Pharmaciens : ben… six fois moins !
Épisode 5 :
Nous avons trop de Tamiflu (celui que nous avons acheté), et l’État a trop de vaccins. Sauf que l’État a trouvé, lui, le moyen d’écouler ses stocks : Les médecins de ville sont enfin autorisés à vacciner. Pour que cela ne coûte pas trop cher, le ministère discute avec les médecins sur une rémunération de l’acte vaccinal inférieure à celle d’une consultation classique. Mme Bachelot leur proposera-t-elle 1 euro symbolique, comme pour nous ? Bien sûr que non. L’aumône, ça ne marche qu’avec les pharmaciens, à qui on l’impose sans autre forme de procès. Mais avec les médecins, c’est négociation préalable et obligatoire…
Dans l’affaire, les pharmaciens sont encore écartés, puisque les médecins se fourniront directement dans les centres de vaccination. Il paraît que c’est pour garantir la chaîne du froid… (dixit Mme Bachelot sur RTL le mardi 5 janvier 2010).
État : bénéfice - Pharmaciens : toujours rien.
Épisode à venir (en cours de tournage…) :
Les médecins ayant refusé de louer des camionnettes réfrigérées pour aller chercher les vaccins (ben oui, ils ne sont pas prêts à tout accepter, eux…), la ministre réfléchit à un moyen de leur faire parvenir directement les précieuses doses, en court-circuitant encore les pharmaciens. Il est question de rapidité d’action, d’efficacité de la campagne, etc. C’est bien connu, les pharmaciens, c’est long et ça coûte cher.
Une autre possibilité consisterait à quand même se servir des pharmaciens. Dans ce cas, la rémunération oscillerait entre 0,00 euro (vous savez, comme pour les masques) et 1 euro (comme pour le Tamiflu militaire…). Ben oui, ça a déjà marché une fois, alors, comme dit la pub, il faudrait être fou pour dépenser plus…
État : coût restreint - Pharmaciens : Aaaah ! Enfin un bénéfice ! Alors ? On dit quoi à Mme la ministre ?
Épilogue saison 1 :
Comme dans tout bon feuilleton, la saison 1 prépare la suite, la saison 2. Cette fois, il sera question de la rémunération des nouvelles missions du pharmacien dans le cadre de la loi HPST. Ah, Ah ! Quel suspense !
Combien va-t-on payer les pharmaciens, qui, c’est bien connu, sont des maillons indispensables du système de santé français (si, si, c’est la ministre qui le dit…).
Vous le saurez dans les prochains épisodes. En attendant, tremblez ! Car, à la lumière des événements liés à la vaccination anti-H1N1, il est évident que l’État qui applaudit l’implication des pharmaciens en matière de santé publique, est heureux de valoriser notre profession à travers ces nouvelles actions… euh… seulement si on ne leur coûte rien…
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