DEPUIS LA MISE sur le marché du vaccin quadrivalent contre le HPV en 2006, plus de 175 millions de doses ont été distribuées. L’ouverture de la vaccination aux jeunes filles dans plusieurs pays, dont la France, s’est accompagnée de l’apparition de craintes dans le grand public d’un lien entre vaccination anti-hiv et risque de sclérose en plaque. Cette peur a autant été alimentée par les réseaux sociaux que par des études de cas, publiées dans la littérature scientifique, décrivant l’apparition de scléroses en plaque ou d’autres maladies démyélinisantes chez des patientes récemment vaccinées.
Des incidences identiques.
Nikolai Madrid Scheller de l’institut Statens Serum, à Copenhague, a monté avec ses collègues une étude dans laquelle ils ont mesuré la prévalence des maladies démyélinisantes chez près de 4 millions de femmes de 10 à 44 ans, dont près de 790 000 avaient été vaccinées. Au cours du suivi, les auteurs ont recensé 4 322 cas de scléroses en plaque et 3 300 cas d’autres maladies démyélinisantes, dont respectivement 73 et 90 sont survenus au cours de la période à risque, c’est-à-dire les deux années qui suivent la vaccination. Ils ont calculé qu’il y avait 6,12 cas de sclérose en plaque par 100 000 personnes années après la vaccination contre 21,54 cas par 100 000 personnes années en dehors de la période de risque. En ce qui concerne les autres maladies démyélinisantes, les incidences étaient respectivement de 7,54/100 000 personnes années et 16,14/100 000 personnes années. Il n’y avait donc pas de risque significativement augmenté de développer une maladie démyélinisante au cours de la période la plus à risque.
Quelques limitations.
Les auteurs reconnaissent cependant qu’ils ne disposaient pas d’informations sur l’ethnie ou sur le mode de vie des femmes de l’étude, et qu’ils ont ainsi pu passer à côté de certains facteurs de risque.
Ils précisent également que la sensibilité de l’étude n’aurait permis de détecter, au mieux, qu’un triplement du risque de sclérose en plaque, et un doublement du risque de maladie démyélinisante. Des augmentations plus faibles de ces risques induites par la vaccination ne sont donc, pour l’instant, pas totalement à exclure.
La France droite dans ses bottes.
En France, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), ainsi que la Direction générale de la santé (DGS) et le Haut Conseil de santé publique (HCSP) ont réaffirmé les recommandations émises lors de la réactualisation du calendrier vaccinal stipulant en mars 2013 que la vaccination contre le papillomavirus (HPV) est recommandée « chez les jeunes filles entre les âges de 11 et 14 ans avec un rattrapage jusqu’à l’âge de 19 ans révolus ». Cette mise au point avait été rendue nécessaire la plainte très médiatique déposée fin novembre 2013 par la famille de Marie Océane Bourguignon suite à l’apparition d’une sclérose en plaques chez la jeune femme à l’âge de 15 ans après 2 injections du vaccin. En septembre dernier, le HCSP avait même suggéré dans un rapport d’élargir la vaccination aux jeunes filles dès neuf ans.
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