LE PARACÉTAMOL n’en finit pas de faire parler de lui. Il y a quelque temps, une augmentation de la taille des conditionnements de l’antalgique vedette était évoquée (« le Quotidien » du 5 février). Aujourd’hui, le médicament le plus utilisé en France (500 millions de boîtes vendues en 2012) est pointé du doigt pour sa dangerosité. Selon une étude menée par des chercheurs britanniques et publiée dans le « British Medical Journal » (BMJ), la prise régulière et à long terme du paracétamol se traduirait par un taux de mortalité accru jusqu’à 63 % chez les patients consommant de manière répétée des doses quotidiennes élevées (3 g par jour). De même, le risque de maladies cardio-vasculaires pourrait aller jusqu’à 68 % en cas de consommation de plus de 15 unités de prise par semaine. Le risque de développer des troubles gastro-intestinaux et rénaux serait également augmenté en cas de consommation régulière, concluent les chercheurs. Pire, le risque de toxicité rénale serait multiplié par deux en cas de prise cumulée de plus de 500 g de paracétamol au cours de la vie. Des résultats qui n’ont pas tardé à susciter de nouvelles craintes chez les patients tant ce médicament fait partie de leur quotidien. D’autant que les spécialités à base de paracétamol commercialisées en France depuis les années 1960 avaient jusqu’à présent meilleure réputation que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ou les opiacés.
Des qualités pas remises en cause.
Toutefois, le danger potentiel semble à relativiser, comme le suggère l’analyse de notre pharmacologue, Nicolas Tourneur (voir ci-dessous). De nombreux experts arrivent aux mêmes conclusions. En dépit de la démonstration d’une « augmentation discrète mais réelle de la toxicité », l’étude « ne remet pas en cause les qualités du paracétamol qui reste un médicament très utile pour la douleur et la fièvre et qui présente moins d’effets secondaires que l’aspirine ou les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’ibuprofène », observe ainsi François Chast, chef du service de pharmacie clinique à l’Hôpital Cochin-Hôtel Dieu. Même pour le très critique Pr Even, auteur avec Bernard Debré du « Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux », « le paracétamol est un médicament remarquablement efficace et sûr ».
D’ailleurs, les auteurs de l’étude eux-mêmes reconnaissent que les dangers évoqués restent faibles dans l’absolu même si, selon eux, « le véritable risque du paracétamol est supérieur à ce que pense actuellement la communauté médicale ». « Compte tenu de son usage important et du fait qu’il est disponible sans ordonnance, il paraît justifié de faire une revue systématique de son efficacité et de sa tolérance dans des pathologies particulières », jugent-ils.
Si l’étude britannique ne conclut pas sur une dangerosité marquée du paracétamol, elle confirme pour le moins qu’il vaut mieux garder les médicaments dans le circuit pharmaceutique, garant d’une consommation raisonnée et d’une meilleure sécurité pour les patients. L’exemple de la Suède en est la preuve. Cinq ans après avoir été autorisé à être vendu en dehors des pharmacies, le paracétamol y a fait son retour le 1er mars dans les officines. La raison ? Selon les autorités suédoises, l’explosion des ventes hors pharmacies (+60 %) a été à l’origine d’une augmentation record des hospitalisations et du nombre d’appels au Centre d’information antipoison.
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