L'un des handicaps majeurs vécu par les dyslexiques est leur difficulté à lire de façon fluide, voire tout court…
Plusieurs méthodes faisant appel à l'orthophonie tentent d'y remédier. Mais depuis peu, c'est un accessoire high-tech qui fait parler de lui : la lampe de lecture à lumière pulsée. Elle a été conçue par la start-up bretonne Lexilife sur la base des travaux d’Albert Le Floch et Guy Ropars, deux chercheurs primés pour leurs travaux par l’Académie nationale de médecine. La référence est honorable et leur étude semble sérieuse. Sans entrer dans les détails, leurs travaux menés sur des étudiants ont conclu que ceux atteints d'un Trouble spécifique des apprentissages avec déficit de la lecture (TSApL) présentaient un manque d’asymétrie des centroïdes de Maxwell, entraînant la création « d’images-miroirs » pouvant entraîner des confusions de lettres (d et b et p et q). Ce trouble pourrait être, selon eux, compensé par une lumière pulsée. Partant de là, les ingénieurs de Lexilife ont mis au point la Lexilight, une lampe à lumière pulsée et modulée. « Le réglage de la fréquence de rafraîchissement, expliquent-ils, permet à un œil de prendre le pas sur l'autre afin d'estomper l'effet miroir. » Séduisant, sur le principe. Mais l’Union nationale pour le développement de la recherche et de l'évaluation en orthophonie (UNADREO), qui a examiné les bases scientifiques du dispositif, ne le voit pas de cet œil et rappelle que « si la théorie mérite d’être explorée, l’étude (de Le Floch et Ropars, NDLR) a rapidement été critiquée par la communauté scientifique qui la décrit comme fortement spéculative et pointe de nombreux biais méthodologiques (...), et conclue : aucune étude n’a été menée pour évaluer ces dispositifs. La commercialisation de ces nouvelles technologies a donc été lancée avant même que soient obtenues des preuves de leur efficacité mais également sans évaluation des potentiels risques engendrés par leur utilisation. »
L'entreprise, que nous avons interrogée sur l'existence d'études cliniques, nous a répondu : « Étant encore une start-up nous avons commencé par nous concentrer sur les utilisateurs pour nous rassurer. Nous sommes conscients que des données cliniques sont nécessaires (...). Je ne manquerai pas de vous envoyer les résultats quand ils seront publics. En attendant, d'après nos statistiques internes, suite à l'usage de la lampe par plusieurs milliers de nos clients, 90 % des dyslexiques affirment lire sans effort un texte éclairé par notre lampe. » L'expérience plutôt que la science ? Chacun se fera son idée…
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Christelle Degrelle