LA GRANDE RÉFORME de la dépendance voulue par Nicolas Sarkozy touche à sa fin. Le président de la République dévoilera ses arbitrages dans les prochains jours. Ceux-ci devront être précisés à l’occasion du projet de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2012. Certaines orientations pourraient aussi animer les débats de la prochaine élection présidentielle.
Pas invités au départ à participer aux discussions, les officinaux ont pourtant des atouts à faire valoir. « Le pharmacien peut jouer un rôle de vigilance afin de faire en sorte de garder un patient le plus longtemps possible à son domicile », explique ainsi Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Pour lui, l’officinal peut, par exemple, mettre en œuvre des bilans de dépendance et orienter, le cas échéant, les personnes vers d’autres professionnels, avec l’objectif de retarder l’entrée en institution. Car l’un des soucis majeurs est le coût lié au placement en établissement spécialisé.
Dépister la dépendance.
C’est également le sentiment de Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « Nous pouvons intervenir dans le dépistage de la perte d’autonomie, indique-t-il. Un patient qui n’arrive plus à gérer son traitement, qui a des difficultés pour sortir de chez lui, qui a des problèmes de nutrition parce qu’il ne peut plus aller faire ses courses, sont autant d’anomalies que l’on peut détecter. Et nous sommes capables de proposer des outils ou des aides techniques au maintien à domicile », précise-t-il. Telles la préparation des doses à administrer (PDA) ou la dispensation des médicaments au domicile des malades, comme le suggère le rapport de l’IGAS (voir encadré). « De par sa proximité, le pharmacien peut être une porte d’entrée dans la prise en charge des personnes âgées dépendantes, au même titre que les médecins, les infirmières ou les kinés », ajoute Frédéric Laurent, président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF). Mais pour cela, « nous avons besoin de la parution de textes législatifs nous permettant de travailler dans le cadre de la coordination des soins », souligne-t-il. Il précise : « Le pharmacien peut être un élément de coordination. Nous pouvons sortir de l’officine pour aller voir la personne dépendante afin de vérifier la bonne prise des traitements, alerter le médecin en cas d’altération de l’état de santé. Nous pouvons aussi jouer un rôle social dans l’information des aidants. Le pharmacien a toute sa place dans la réforme de la dépendance, estime Frédéric Laurent. Mais il faut aussi que ces missions soient rémunérées. »
Des pistes pour le financement.
Le chantier ne fait donc que commencer. Pour sa part, le gouvernement semble avoir déjà défini des priorités, comme la nécessité de mieux assumer le reste à charge des classes moyennes modestes, d’alléger les dépenses des départements - qui peinent à financer l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) -, mais aussi de certains services à domicile, des aidants et des familles, comme l’a souligné Roselyne Bachelot à l’occasion d’un récent colloque organisé par l’Observatoire européen de la protection sociale. « Nous devons envisager la réforme à court terme, mais aussi à moyen et long termes pour faire face au choc démographique », explique la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale.
Sur la question cruciale du financement, la ministre ne veut pas encore indiquer quelles sont les hypothèses retenues afin, peut-être, de ne pas griller la politesse au chef de l’État. Toutefois, plusieurs options sont d’ores et déjà écartées : toutes celles qui entraîneraient une augmentation du coût du travail, le recours à l’assurance obligatoire, l’augmentation généralisée de la CSG et la taxation du patrimoine sous forme d’un recours sous succession. Écartée également, l’idée d’une cinquième branche de Sécurité sociale, la dépendance et la maladie étant souvent étroitement liée. « Sur les 24 milliards de dépenses attribuées aux personnes dépendantes, 14 milliards concernent la branche maladie, explique Roselyne Bachelot. Le président de la République et moi-même préférons la notion de cinquième protection. »
En revanche, d’autres pistes tiennent la corde : l’alignement de la CSG des retraités (actuellement de 6,6 %) sur celle des actifs (7,5 %), mais aussi la création d’une deuxième journée de solidarité ou encore la mise en place d’une taxe de 1 % sur les successions et donations. « Je ne vous dirais pas quelles gammes de solutions ont ma préférence, indique Roselyne Bachelot. Elles ont toutes leurs avantages et leurs inconvénients. » Avant d’ajouter : « Tous ceux qui nous donneront de bonnes idées de dépenses devront nous donner de très bonnes idées de recettes. » Le message est clair.
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