On nous reprochera peut-être de traiter un sujet déjà enterré, mais il faut toujours craindre la résurrection des mauvaises idées. L'enthousiasme féministe, respectable et même admirable sur tous les plans, ne doit pas conduire la société française à une erreur historique. Qu'est-ce que l'écriture inclusive ? C'est une méthode consistant à inclure le féminin dans le langage, en toute circonstance, de manière à contribuer à l'égalité des sexes. On écrira par exemple : l'association des maires.esses de France. Effectivement beaucoup de maires sont des femmes, à commencer par la maire de Paris, qui ne souffre nullement d'être maire plutôt que mairesse, d'autant que dans maire il y a mère et qu'un mot finissant par un e est en soi plus féminin que masculin.
Je vous laisse deviner cependant ce qui se produirait si cette proposition était retenue par les autorités compétentes (l'Académie l'a condamnée sévèrement) ou faisait l'objet d'une loi. Nous ne nous en serions jamais remis, ne fût-ce que parce que la lecture des textes administratifs aurait été aussi ardue que le chinois et que la littérature, envahie par tant de points et encombrée de tant de hoquets, aurait ravagé le français jusqu'au point de non-retour. Je mets au défi les adeptes de cette méthode de l'appliquer à eux-. elles mêmes, surtout s'ils.elles sont écrivain.es. Ou de récrire Racine en mettant dans ses vers cette foule de points et de lettres, charançons du langage, poux des écoles, condamnation à mort de l'alexandrin, cacophonie sinistre.
Une affaire personnelle
Alors quoi ? Les progressistes verront sans doute dans mon attitude une forme de trahison. Après tout, diront-ils, le français évolue sans cesse et y mettre des points ou trois lettres de plus dans un mot ne serait pas pire que notre commerce avec l'anglais, fortement déficitaire. Ce n'est pas que je préconise le recours à l'anglais, qui est effectivement excessif et souvent inutile, mais je ne réagis pas avec indignation si l'on me parle d'email plutôt que de courriel. Ecrire est une affaire personnelle. Rien n'oblige qui que ce soit à prendre des libertés avec le langage. Nous sommes tous capables, au moment de rédiger, de nous en tenir à ce que nous avons appris du vocabulaire et de la grammaire, d'éviter les mots étrangers sinon pour faire chic et cultivé, de soigner notre écriture qui, dès lors qu'elle est respectable devient tout en même temps une marque de respect pour le lecteur. J'ai assisté à tant de dérives dans l'usage de la langue que je ne suis plus tout à fait sûr de comprendre ce que l'on écrit, ni tout à fait certain qu'à mon tour je suis vraiment compris. Par provocation, j'utilise parfois des mots quelque peu obsolètes parce qu'ils me rappellent une enfance bénie pendant laquelle ma mère parlait un bien meilleur français que celui que l'on entend aujourd'hui.
Mais ni vous ni moi ne sommes contraints à parler autre chose que le français. Du coup, inscrire dans le règlement, ou dans la loi ou dans je ne sais quelle contrainte officielle et administrative, le recours aux petits points et aux compléments féministes, comme on dirait compléments alimentaires, serait une torture, une forfaiture, un scandale, une révolution, une régression, une aberration, une folie, un dérèglement linguistique, un tsunami de la communication, un enfer cérébral, un cancer. Parce que nous serions obligés de nous exprimer de la sorte, parce que n'aurions plus le droit de cité, parce que nous deviendrons rapidement, dans cette société où les modes ne cessent de succéder, les parias de la bien-pensance, les pestiférés de la cause, les excentriques, les sclérosés, les conservateurs, les passéistes, les vieux schnoques en quelque sorte.
Eh bien, non, vous n'aurez ni mes points ni mes sanglots scripturaux. Louis et Louise resteront beaux et pas belles. Je continuerai à vénérer Madame la maire. Enfin, je ne vois pas en quoi la suprématie du masculin serait une injure à la féminité. Prenez le masculin pour un neutre. Ne dites pas, comme M. Macron, toutes et tous, celles et ceux, Françaises, Français. En tant qu'homme, je voudrais rassurer les femmes : jamais je ne les prendrai pour des mâles.
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Françoise Amouroux
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