Cette étude « suggère qu'il peut y avoir des avantages cognitifs associés à ce passe-temps populaire, qui méritent une enquête plus approfondie. Bien qu'un certain nombre d'études aient étudié la relation entre les jeux vidéo et le comportement cognitif, les mécanismes neurobiologiques sous-jacents aux associations ne sont pas bien compris », souligne la Dr Nora Volkow, directrice du Nida (National Institute on Drug Abuse), dans un communiqué.
Jusqu’ici, les études de neuro-imagerie sur le sujet ont porté sur de petits échantillons (moins de 80 participants). Pour cette analyse, les chercheurs se sont appuyés sur la cohorte ABCD portant sur le développement cognitif du cerveau de l'adolescent, dont ils ont extrait les données cognitives, d'imagerie cérébrale et de questionnaires chez les 9-10 ans. Les enfants ont été répartis en deux groupes : ceux n’ayant jamais joué aux jeux vidéo et ceux y jouant pendant trois heures ou plus par jour, soit au-delà des recommandations de la société américaine de pédiatrie qui préconisent de limiter le temps de jeu journalier à une ou deux heures.
Des différences d'activité cérébrale observées par IRM fonctionnelle
Pour chaque groupe, la performance des enfants a été évaluée sur deux tâches censées refléter leur capacité à contrôler les comportements impulsifs et à mémoriser des informations. En parallèle, leur activité cérébrale lors de l'exécution des tâches a également été mesurée.
Il en ressort que les enfants joueurs étaient « plus rapides et plus précis sur les deux tâches cognitives que ceux qui n'y jouaient jamais », résument les NIH. Ces différences s'accompagnaient de différences d'activité cérébrale, observées par IRM fonctionnelle. Les joueurs présentaient une activité cérébrale plus élevée dans les régions associées à l'attention et à la mémoire. Ces enfants avaient aussi une activité cérébrale moins marquée dans les régions liées à la vision. Selon les auteurs, cette observation pourrait s’expliquer par l’acquisition par les joueurs d’une plus grande efficacité du traitement visuel.
Mieux comprendre les impacts négatifs et positifs
« Bien que nous ne puissions pas dire si jouer régulièrement à des jeux vidéo a entraîné des performances neurocognitives supérieures, c'est une découverte encourageante, et nous devons continuer à enquêter chez ces enfants lors de leur transition vers l'adolescence et le début de l'âge adulte », souligne le Pr Bader Chaarani, psychiatre et auteur principal de l'étude.
L’équipe entend poursuivre ses travaux en suivant les enfants jusqu'au début de l'âge adulte, pour observer les effets de plus long terme sur les compétences cognitives, l'activité cérébrale, le comportement et la santé mentale. Ils comptent également affiner leurs résultats en se penchant sur les différences selon le type de jeux (action, aventure, énigmes, sport, jeux de tir, etc.).
Les auteurs ont par ailleurs observé une tendance à signaler des problèmes de santé mentale et de comportement plus élevée chez les enfants joueurs, sans que cette association ne soit statistiquement significative. « De nos jours, de nombreux parents s'inquiètent des effets des jeux vidéo sur la santé et le développement de leurs enfants, et comme ces jeux continuent de proliférer chez les jeunes, il est crucial que nous comprenions mieux l'impact positif et négatif que ces jeux peuvent avoir », poursuit le Pr Bader Chaarani.
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