Les auteurs ont monté une cohorte prospective à partir des données de trois cohortes, composées à 96,6 % de femmes professionnelles de santé : les Nurses’ Health Study 1 et 2, et la Growing Up Today Study. Les participants ont été suivis entre avril 2020 et novembre 2021. Pour être inclus, ils devaient ne pas avoir été infectés par le SARS-CoV-2 avant le début du suivi. L'infection Covid au cours du suivi, la préexistence ou non de troubles psychologiques et la persistance des symptômes étaient rapportées via des autoquestionnaires réguliers.
Plus de 40 % de symptômes prolongés
Sur les 54 960 participants, 3 193 ont été infectés par le SARS-CoV-2 au cours du suivi et 1 403 d'entre eux ont eu des symptômes qui ont duré au moins quatre semaines (40 %). Les chercheurs ont constaté qu'une détresse psychologique avant l'infection était associée à un surrisque de symptômes prolongés (dépression, 32 %, anxiété, 42 %, inquiétude à l'égard du Covid, 37 %, stress, 46 % et sentiment de solitude, 32 %).
En ajustant les résultats, les auteurs ont montré que les participants qui cumulaient au moins deux formes de détresse pré-infection avaient un risque de symptômes prolongé du Covid augmenté de moitié par rapport aux autres participants. Les patients dont la détresse psychologique était suffisamment importante pour avoir un effet négatif sur leur qualité de vie pré-infection avaient un risque de symptômes prolongés augmenté de moitié également. Les chercheurs parlent de « relation dose-effet » entre l'intensité des troubles et le risque de symptôme post-Covid prolongés.
Des travaux seront nécessaires pour comprendre les mécanismes biologiques et comportementaux qui lient détresse psychologique perçue et risque de symptômes prolongés, prédisent les chercheurs. Ils évoquent un possible lien entre santé psychologique et inflammation systémique, avec notamment les cytokines inflammatoires comme médiateur. Ils précisent que les patients présentant des symptômes prolongés rapportent des rémissions provoquées par l'activité physique.
Peu d'études avaient, jusqu'ici, exploré la relation entre l'état psychologique des malades et le risque de symptômes prolongés. Une étude prospective britannique menée sur une cohorte de 7 000 malades atteints de sclérose en plaques avait démontré un surrisque de 29 % de symptômes prolongés chez les patients anxieux. D'autres études avaient montré que les patients en état de détresse psychologique, au moment de leur infection, avaient tendance à faire des épisodes infectieux plus longs et plus intenses.
Les auteurs établissent un parallèle avec la maladie de Lyme, dans laquelle on suspecte fortement un lien entre fatigue chronique, fibromyalgie, céphalée et douleurs musculaires d'une part, et état psychologique général d'autre part.
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