L'information n'a pas pu vous échapper. Mais l'exploit médical de la semaine dernière est tellement incroyable et complexe, qu'il mérite bien qu'on y revienne. Cette première mondiale - le succès d'une interface cerveau-machine franco-suisse qui permet à un paraplégique de marcher à nouveau -, est l'épilogue d'une stupéfiante histoire médicale. Celle de Gert Yan, un néerlandais devenu paraplégique à la suite d'une chute à vélo. Son cas est décrit dans « Nature », dans une publication parue le 25 mai. L'équipe franco-suisse a d'abord développé un électrostimulateur spécifique à l'indication du réapprentissage de la marche, dont les électrodes sont capables d'entrer en contact avec 5 cm de moelle épinière. Puis, en collaboration avec le centre de recherche Clinatec (affilié au CEA et au CHU Grenoble Alpes) ils ont exploité un nouveau type d'interface cerveau-machine mis au point par les équipes du Pr Alim-Louis Benabid. Le dispositif repose sur deux implants, disposés de part et d'autre du crâne. Chaque implant dispose de 54 électrodes qui restent à la surface du cortex et est installé dans le trou laissé dans la boîte crânienne après une craniotomie de 5 cm de diamètre.
Une fois la double implantation réalisée - le 28 juillet 2021 au CHU de Grenoble -, les chercheurs ont fait travailler le patient sur un programme de simulation, en connectant ses deux implants cérébraux à un ordinateur. Objectif ? Apprendre à décoder plus précisément le langage particulier du cortex moteur de Gert Yan lorsque celui-ci pense à marcher. En deux jours, ce dernier contrôlait parfaitement son avatar virtuel. Lors d'une récente démonstration à la presse, l'homme, qui ne se déplaçait jusque-là qu'en position assise, a montré qu'il était désormais capable de marcher tout en parlant ou de monter un escalier, une performance que les dispositifs précédents ne permettaient pas d'atteindre. Seule contrainte : l'obligation de regarder ses pieds pour contrôler ce qu'ils font. Pour la première fois, la connexion entre la pensée du mouvement et une motricité effective contrôlée s'est affranchie d'une rupture médullaire.
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