SELON les données du Réseau Sentinelles, la France aurait compté, l’hiver 2009-2010, environ 3,5 millions de cas de grippe pandémique. Trente-cinq mille d’entre eux, soit 1 %, auraient fait l’objet d’une hospitalisation. Et 1 332 patients souffrant d’atteintes graves ont été admis en service de réanimation (chiffre connu avec précision grâce à une traçabilité totale), ce qui correspond à un taux de formes graves de 0,04 %, soit nettement inférieur à celui observé dans d’autres pays, sans qu’il soit possible d’expliquer à l’heure actuelle cette disparité.
Parmi les complications répertoriées, les détresses respiratoires viennent en tête, indique le Dr Olivier Leroy (réanimateur à l’hôpital de Tourcoing). Celles-ci sont constituées par des pneumonies virales grippales, des pneumonies bactériennes de surinfection et par les décompensations d’une pathologie respiratoire préexistante, aux premiers rangs desquels l’asthme et la BPCO. D’autres types de complications de la grippe saisonnière sont également bien connus, touchant notamment le cœur (myocardite, péricardite), les reins (insuffisance rénale), le cerveau (encéphalite, méningite), sans oublier le syndrome de Guillain-Barré.
Des complications multiviscérales.
La grippe pandémique a été marquée non seulement par une proportion importante de détresse respiratoire aiguë (pouvant curieusement survenir aussi bien de manière fulminante après seulement quelques heures, que deux semaines après le début des signes cliniques), mais aussi par un taux plus élevé que dans la grippe saisonnière de complications multiviscérales, notamment circulatoires et rénales.
Tous ces patients ont reçu un traitement par anti-neuraminidase (oseltamivir ou zanamivir, voire parfois une association des deux) et des essais ont été réalisés à cette occasion avec une nouvelle formulation intraveineuse de zanamivir, plus adaptée à la pratique des services de réanimation. Ces produits ont fait montre d’une bonne efficacité, sous réserve d’une administration la plus précoce possible. Les réanimateurs ont par ailleurs essayé d’améliorer les méthodes de ventilation des patients. C’est ainsi qu’ont été testés la ventilation en décubitus ventral (qui a un effet positif sur l’oxygénation) et le monoxyde d’azote.
Un point souligné par le Dr Leroy : les cas les plus graves de syndrome de détresse respiratoire aiguë ont bénéficié, avec un taux de succès appréciable, d’une oxygénation extracorporelle (ECMO), dernier recours quand les poumons sont devenus inefficaces du fait d’une agression virale massive.
Penser aux femmes enceintes.
Les femmes enceintes ont été particulièrement touchées (ainsi que les obèses) par les complications de la grippe pandémique, surtout celles qui présentaient antérieurement des facteurs de risques de complications (surtout respiratoires ou cardiovasculaires), mais pas seulement, en raison d’une augmentation des fausses couches et des accouchements prématurés. En effet, il ne faut pas oublier que la grippe, y compris saisonnière, augmente de manière globale le taux de complications obstétricales, et notamment le risque de prématurité.
D’après le Dr Bénédicte Lesieur (hôpital Tenon, Paris), la grippe A(H1N1) 2009 a multiplié par 4 le risque d’accouchement prématuré et la mortalité en population générale, et par 8 la mortalité par rapport à une population de même âge. En outre, la moitié des femmes enceintes grippées a accouché prématurément et 45 % des ces enfants ont dû bénéficier d’une réanimation néonatale.
Enfin, une étude américaine est venue conforter la vaccination antigrippale des femmes enceintes, en confirmant son excellente tolérance dans cette population. En effet, aucune différence significative n’a été mise en évidence au regard des effets indésirables par rapport aux femmes non vaccinées.
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