- Vous avez regardé la télé hier soir ? Ils parlaient des ruptures de stock sur France 2. Je ne connaissais même pas les médicaments pris en exemple. Il y en avait un pour l'épilepsie. Jamais entendu parlé.
Lou parle tout en réceptionnant la commande. De temps en temps, Marilyne relève la tête pour lui répondre. À côté d'elle, Juliette essaie de résoudre un problème de facturation de kits pour perfusion.
- Moi, j'ai changé de chaîne, dit soudain l'adjointe. On en entend déjà parler toute la journée… Le médicament dont tu parles Lou, c'est le GABITRIL. On n'a pas de patient avec ce traitement. Enfin, on en avait un mais son traitement a changé… suite à la rupture de stock d'ailleurs.
Elle observe Julien qui passe devant elle.
- Ça va ?
- Oui. Mieux. Heureusement que notre codéin'man n'était pas mon dernier client. Servir d'autres personnes me permet de penser à autre chose.
Le téléphone de la Pharmacie du Marché sonne. Lou attrape aussitôt le combiné, sans décrocher ses yeux de l'écran où la commande s'est affichée.
- Pharmacie du Marché, Lou, bonjour ! Un pharmacien ? Oui, je vous passe…
Elle regarde autour d'elle. Juliette est partie. Il ne reste que Julien.
- Je vous passe Julien.
Julien la regarde, surpris.
- Ben tu es pharmacien, non ? Elle veut parler à un pharmacien, répond Lou en désignant le téléphone. Tiens.
Julien s'assoit sur un siège haut, un bras posé sur la paillasse. Lou l'observe. Elle aimerait entendre la conversation.
- Bonjour Madame. Quoi ? En réanimation ? Mais que s'est-il passé. Un champignon ?
Julien blêmit. Au bout du fil, l'épouse du client explique la situation à Julien. L'état est stationnaire mais les médecins sont préoccupés. Le foie semble très atteint. Julien fouille dans sa mémoire. Il essaie de remettre un visage sur le nom du patient ; était-ce celui venus avec ses enfants en début de semaine pour identifier leur cueillette ? Non, et de toute façon, aucun des champignons apportés à la Pharmacie du Marché dans les derniers jours n'était réellement comestible, soit parce qu'ils étaient trop abîmés, soit parce qu'ils n'avaient aucun intérêt culinaire.
- J'en informe les docteurs Dupré et Pontignac. De votre côté, vous nous tenez au courant ? Bon courage Madame. N'hésitez pas.
Julien raccroche. Il se précipite sur l'ordinateur de Lou.
- Change de vue s'il te plaît. Bernard Rault ou Raud, ça te dit quelque chose ? Je n'arrive pas à voir qui c'est.
Juliette arrive dans le back-office. Elle plaisante avec Damien et Christèle.
- Bernard Raud, ça vous dit quelque chose ? Sa femme vient d'appeler. Il est en réanimation. Il semble que ce soit à cause de champignons toxiques.
- Ah mince. Monsieur Raud, tu vois pas qui c'est ? Il vient toujours en tenue de jardinage, la soixantaine. C'est bête quand même, répond aussitôt Damien.
- Et on sait de quel champignon il s'agit ? demande Juliette.
- Non. Vous vous rappelez s'il est venu à la pharmacie pour demander conseil ? s'inquiète Julien.
- Euh, non. J'étais là hier et avant-hier. Il n'est pas venu. J'en suis certaine, réfléchit Christèle.
- C'est déjà ça. Au moins, ça n'est pas de notre faute…
Julien n'a qu'une envie : rentrer chez lui, parler avec Marina et oublier cette journée pénible. Finalement, il aurait peut-être dû choisir industrie.
(À suivre…)
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