Une étude de l’INED

Mince, je ne suis pas si grosse !

Publié le 18/07/2009
Article réservé aux abonnés

ALORS que la saison des régimes amaigrissants bat son plein, les résultats de la dernière enquête de l’INED* pourraient bien renvoyer quelques milliers de pèse-personnes au rebut. Cette étude, portant sur 16 300 citoyens européens, montre en effet que les Françaises se voient plus grosses qu’elles ne le sont en réalité. Plus précisément, soulignent les auteurs, « les femmes françaises jugeant leur poids trop faible sont deux fois moins nombreuses que celles effectivement en sous-poids ». Grossière erreur d’appréciation ! Mais il y a pire, non seulement nos compagnes surestiment leur poids réel, mais elles sont aussi en moyenne plus minces que toutes les autres citoyennes européennes. La preuve, c’est la formule bien connue de l’IMC qui l’apporte. Divisez le poids par le carré de la taille en mètre et vous découvrirez que le pudding anglais ou la paella espagnole font plus de gras que la bonne vieille cuisine française. Quant à la notion d’« idéal de poids », on observe là encore des différences significatives entre les populations. En France, hommes comme femmes déclarent des IMC idéaux (22 et 19,5) inférieurs à ceux espérés par les Britanniques (22,5 et 20,7). Au total, les Français ont donc un idéal de corpulence plus faible que leurs voisins européens. Et la différence n’est pas mince. « Cela pourrait être le signe d’une pression plus forte exercée sur le corps dans leur pays », interprètent les auteurs de l’enquête. Voilà qui pourrait redonner du grain à moudre à un certain groupe de travail créé en 2008 et présidé par le Pr Marcel Ruffo. Sa mission : réfléchir à l’image du corps dans la société française. L’Europe des kilos ne se fera pas en un jour.

* Institut national d’études démographiques
›DIDIER DOUKHAN

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2659