Rappelons d’abord que, selon la FAO (Food and Agriculture Organization, une agence de l’ONU dont l’objectif est d’aider les pays à mieux maîtriser leurs ressources alimentaires et à avoir des visions prospectives en ce domaine), on entend par alimentation durable « des régimes ayant de faibles conséquences sur l’environnement, qui contribuent à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, ainsi qu’à une vie saine pour les générations présentes et futures ».
Concrètement, Nicole Darmon, après avoir rappelé que le secteur alimentaire contribue pour 15 à 31 % aux gaz à effet de serre (GES), explique que l’alimentation durable repose sur quatre piliers : l’environnement (protectrice et respectueuse de la biodiversité et des écosystèmes), la nutrition/santé (nutritionnellement adéquate, saine et sûre), l’économie (économiquement viable, accessible et abordable) et le socioculturel (culturellement acceptable).
Éviter les raisonnements simplistes
L’équipe de Nicole Darmon, qui a travaillé sur une base de données de 402 aliments, a montré que les aliments qui présentent à la fois un meilleur profil nutritionnel, des émissions des gaz à effet de serre (EGES) et un prix plus faible, différent sensiblement selon le choix de certains paramètres très simples pris en compte. C’est ainsi, par exemple, que si l’on exprime le prix au kilo d’aliments, la plupart des aliments d’origine végétale, notamment les fruits et légumes, les huiles, les féculents et les légumineuses sont identifiés comme « plus durables », mais que cela n’est plus le cas pour les fruits et légumes lorsque le prix est rapporté au nombre de calories (prix pour 100 kcal).
À ce sujet, Nicole Darmon souligne que pour étudier la durabilité de l’alimentation, il est nécessaire d’adopter une approche globale de l’alimentation prenant en compte l’ensemble des aliments consommés et les quantités réellement absorbées ; ce qui correspond d’ailleurs au pilier faisant référence à l’acceptabilité sociale et culturelle de l’alimentation.
Un autre enseignement des travaux réalisés met l’accent sur la fausseté d’une croyance largement répandue qui veut que les aliments d’origine végétale soient à la fois systématiquement meilleurs pour la santé et pour l’environnement.
En fait, les produits végétaux les plus consommés (car les moins chers), s’ils ont bien un faible impact environnemental, ne sont pas les plus recommandés pour la santé (citons par exemple : le sucre blanc, les sodas, les céréales raffinées, le riz blanc, les gâteaux industriels, les chips, les barres chocolatées…), tandis que certains produits animaux n’ont pas un fort impact environnemental (c’est, notamment, le cas des œufs, du lait et des petits poissons). Néanmoins, les choses n’étant pas simples, aujourd’hui en France, une alimentation de meilleure qualité nutritionnelle est associée à davantage d’EGES…
Alimentation saine et respect de l’environnement
Les données épidémiologiques (notamment INCA 2), et surtout les modélisations, permettent d’envisager des diètes « plus durables » que d’autres. C’est ainsi que les travaux menés par Nicole Darmon montrent qu’on peut diminuer de 30 à 40 % (réduction correspondant au projet européen) les émissions de gaz à effet de serre, tout en respectant les recommandations nutritionnelles, en augmentant la quantité de fruits et légumes, en diminuant la viande et les boissons alcoolisées, ainsi que les apports énergétiques en général, sans modifier les apports de produits laitiers. En revanche, au-delà de 40 %, les changements alimentaires requis étant nettement plus importants, on peut penser que leur acceptabilité serait compromise et que mieux vaudra modifier en complément les modes de production.
Enfin, les comparaisons portant sur 5 pays d’Europe, montrent que les solutions à adopter pour diminuer les EGES varient sensiblement d’un pays à l’autre dans certains aspects afin de tenir compte des spécificités culturelles. C’est ainsi, notamment, que les modèles suggèrent une augmentation du poisson en France et en Italie, ainsi des produits laitiers en France et en Suède.
* UMR Moisa, INRA Montpellier.
D'après le Symposium international sur la place des produits laitiers dans une alimentation durable, organisé à Séville par l’International Dairy Federation.
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