Les lésions sont à type de petites plaques érythémateuses correspondant à la disparition des papilles filiformes. Elles sont bordées d’un liseré blanchâtre qui les limite de la muqueuse saine avoisinante. Les variations souvent quotidiennes des arabesques dessinées par la maladie ajoutent à son caractère géographique et migratoire.
Cliniquement, la langue géographique se caractérise donc par l'existence de lésions uniques ou multiples, constantes ou intermittentes, à type de plaques non ulcérées qui ont été dékératinisées, et ainsi apparaissent plus rouges que la muqueuse kératinisée adjacente. Les lésions sont soulignées, au moins en partie, par une bordure plus épaisse, blanche ou crème, composée d'un mélange de kératine et de neutrophiles. La perte des papilles filiformes met en relief les papilles fongiformes qui saillent. Cette glossite est le plus souvent asymptomatique et méconnue des patients. Elle peut néanmoins induire des signes subjectifs comme des brûlures ou des picotements au niveau des zones dépapillées, sensation augmentée par les contacts avec des acides, des épices ou le tabac. La gustation peut être parfois altérée.
Les enduits puriformes et circinés laisseraient envisager une cause infectieuse.
Combien de bains de bouche ont été recommandés sans succès ? Combien de dragées antifongiques ont-elles été administrées inopportunément ?
Anatomopathologie
D'un point de vue anatomopathologique, la langue géographique évoluerait en quatre stades avec, au stade initial, une tache blanc grisâtre légèrement surélevée ou bordée par un bourrelet. Le deuxième stade est caractérisé par l'exfoliation de la pustule au centre de l'élément jeune, découvrant les papilles filiformes élargies, turgescentes, de couleur rouge vif. Au stade III, les papilles filiformes ont perdu leur coiffe de kératine au centre de la lésion évoluée. Elles apparaissent atrophiées, aplaties, presque effacées. Le stade IV correspond au retour à la normale.
Prévalence
La prévalence de la langue géographique serait de 0,28 à 14,4 % de la population et plus vraisemblablement de l'ordre de 1 à 2,5 % Il ne semble pas exister de prépondérance raciale ou d'âge. Le sexe ratio serait de 1/1 ou de 2 femmes pour 1 homme, selon les auteurs. Il existerait une langue plicaturée chez 25 % des ascendants et on retrouve cette atteinte linguale dans 10 % des membres de la fratrie. Cette langue géographique serait associée à la langue scrotale dans 50 % des cas.
Les facteurs psychologiques
Le rôle de facteurs psychologiques a été longuement évoqué devant la recrudescence de la symptomatologie au moment des difficultés scolaires de l’enfant ou pendant les périodes de conflit familial. Ces facteurs neuropsychologiques doivent être en effet soulignés, puisque la prévalence de la langue géographique est tout particulièrement augmentée dans les populations de malades mentaux ou survient plus fréquemment lors de stress émotionnels.
Quels facteurs en cause ?
Parmi les hypothèses étiopathogéniques, le rôle d'une transmission génétique a été soulevé à de nombreuses reprises. Elle serait de transmission polygénique pour certains auteurs. L'origine génotypique est soulignée par l'existence de cas familiaux, d'une possibilité de transmission autosomique dominante à forte pénétrance ou l'association à une hétérochromie.
Pour certains auteurs, la langue géographique s'intégrerait dans le cadre de l'atopie.
Le rôle de facteurs hormonaux est souligné par l'observation de Waltimo, où la majorité des nouvelles lésions est observée au milieu du cycle, pour diminuer vers la fin du cycle. Pour d'autres auteurs, la langue géographique serait un mode de réaction à l'égard de stimuli de l'environnement. Sa prévalence est également accrue dans une population diabétique.
Les relations qui unissent la langue géographique, le psoriasis et d'autres pustuloses amicrobiennes semblent plus étroites.
Le diagnostic de langue géographique ne fait aucun doute. Il faut alors s’enquérir par l’interrogatoire d’antécédents familiaux de psoriasis.
En pratique
Le médecin généraliste est souvent confronté au problème de la langue géographique détectée à l'occasion d'un examen systématique des muqueuses ou lors de la sollicitation des malades.
Il convient de rassurer le patient quant à la bénignité de cette pathologie linguale, de rappeler son caractère récurrent et évolutif. Il n'est pas besoin de réaliser des prélèvements mycologiques ou bactériologiques. Ainsi, la découverte d'un agent microbien sur une telle lésion ne doit pas avoir d'implication thérapeutique.
Traitement
Il n'existe pas de traitement approprié à cette pathologie bénigne. Un traitement local par bêtaméthasone en bains de bouche est parfois recommandé (2 fois/jour pendant une à deux semaines).
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Françoise Amouroux
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