Syndrome d’auto-brasserie

L’ivresse sans alcool

Publié le 30/09/2013

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« JE VOUS JURE, Docteur, je n’ai pas bu une goutte d’alcool ! » Lorsqu’il entend cette phrase dans la bouche d’un homme titubant et pris de vertiges, le personnel des urgences du Panola College de Carthage (Texas) a du mal à y croire. Et c’est en toute logique qu’on demande au retraité de souffler dans un éthylotest. Résultat : 0,37 g d’alcool dans le sang. L’homme, âgé de 61 ans, jure ses grands dieux qu’il ne comprend rien à son état. Comme chaque dimanche matin, il vient de sortir de l’église et précise qu’il n’a pas touché au vin de messe ! Sa défense doit avoir des accents de sincérité car Barbara Cordell, doyenne des soins infirmiers, et le Dr Justin McCarthy, gastro-entérologue, décident de le croire… et gardent le patient en observation. Durant 24 heures, il est isolé dans une chambre et nourri grâce à des aliments riches en glucides. Bien sûr, on a pris soin de ne lui laisser aucun accès à l’alcool. Son alcoolémie est mesurée régulièrement. Et, oh surprise, son taux d’alcool dans le sang ne cesse de grimper. Face à une telle énigme médicale, le Dr House aurait sans doute ainsi interpellé son équipe : « Un patient qui a de l’alcool dans le sang alors qu’il n’en a pas bu une goutte, c’est que, c’est que ? C’est qu’il le fabrique ! » Et l’homme à la cane aurait une nouvelle fois eu raison. Car le patient du Panola College souffre en fait d’une maladie très rare, le syndrome d’auto-brasserie, une infection intestinale à Saccharomyces cerevisiæ. Autrement dit, lorsqu’il mange ou boit des sucres lents, comme l’amidon contenu dans les pâtes ou du pain, la levure fermente et transforme les sucres en éthanol. L’histoire ne le dit pas, mais il n’est pas impossible que l’ivresse qui avait conduit à l’hospitalisation du Texan soit donc liée à un abus d’hosties lors de la messe dominicale…

› DIDIER DOUKHAN