Coordination et qualité des soins

L’intérêt croissant des réseaux de cancérologie

Publié le 08/07/2010
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Importance du traitement de la douleur, volonté d’aider ses patients au mieux, travail sur des référentiels de prise en charge… Pour toutes ces raisons, des officinaux et des hospitaliers rejoignent les réseaux de cancérologie qui réunissent établissements et professionnels de santé dans un même esprit : améliorer la coordination et la qualité des soins.

ONCOLOR pour la région Lorraine, Onco Pays de la Loire, Poitou-Charentes… L’Hexagone est aujourd’hui quadrillé : chaque région a son réseau, grâce à l’obligation qui émane du Plan cancer. La couverture du territoire est effective depuis la fin de 2006. « Nous travaillions sur l’encadrement de la chimiothérapie à domicile : gestion des infuseurs, chimiothérapie orale…, explique le Dr Claire Morin, médecin coordonnateur du réseau régional de cancérologie Onco Poitou-Charentes. Notre réseau compte sept pharmaciens qui viennent participer à notre réflexion. Leur rôle est capital car sur cette pathologie, il existe des problèmes de compliance au traitement : prendre des comprimés à la maison peut sembler anodin au patient. » C’est au pharmacien de bien encadrer sa patientèle à la sortie de l’hôpital pour s’assurer qu’elle est bien consciente de l’enjeu de son traitement.

Ainsi, Sylvie Rosenzweig, pharmacien dans le XIe arrondissement, a rejoint le réseau Rope – Réseau Oncologie Paris Est – qui regroupe les hôpitaux Tenon, Saint-Antoine, Pitié Salpêtrière et le groupe hospitalier Diaconesses-Croix Saint Simon – par conviction : « Il importe de tenir un discours commun à nos patients, et de les aider à mieux se soigner. Par exemple, nous essayons d’honorer les ordonnances sans dépassement, afin de ne pas faire payer le malade. » Un cycle de conférences a été initié par ROPE en partenariat avec le réseau AGEP (Association gériatrique de l’Est parisien). Le sujet ? Les cancers chez le patient âgé. « Nous partons d’un cas pratique et nous en discutons avec les médecins, les infirmières et les psychologues afin d’en tirer tous les enseignements. Nous avons prévu également un programme portant sur la place des soignants et l’éducation thérapeutique du cancer – suite à la loi HPST - ainsi que sur la prise en charge de la douleur. » Bien souvent, le patient n’a pas de médecin traitant en ville : il connaît mal sa maladie et ne s’implique pas forcément dans son traitement. Sans compter que la prise d’anticancéreux par voie orale peut faire oublier la gravité de la maladie… « Les personnes sont souvent en détresse du fait de l’impact de la pathologie sur leur vie, et des effets secondaires assez violents : nausées, fortes fièvres, desquamation de la peau aux orteils et au bout des doigts : c’est le syndrome mains/pieds. Ici, je recommande la Biafine, le Dexeryl ou encore la gamme spécifique Evaux pour peaux sensibles. » Psychologiquement, l’importance de l’écoute et du soutien moral revêtent une importance stratégique. Sylvie Rosenzweig suit actuellement deux patientes qui sont atteintes d’un cancer du sein. Elle essaye de trouver les mots pour les accompagner et de les conseiller quand elles parlent de leur maladie à leurs proches.

Améliorer l’articulation ville-hôpital.

Michel Leroy, pharmacien dans le Ve arrondissement et administrateur du Réseau de cancérologie Paris sud et ouest ne dit pas autre chose. « J’ai fait un DU de cancérologie à Paris V : les traitements du cancer sont de plus en plus longs et compliqués. Je m’estimais insuffisamment informé. Même si le traitement du cancer est extrêmement hospitalo-centré, la plupart des médicaments per-os sont délivrés en officine de ville. » Ainsi, les toxicités et les effets indésirables sont de la même intensité que les traitements par injection. L’accompagnement des patients est donc essentiel : vérifier la posologie, expliciter le schéma thérapeutique, vérifier que le malade sait pourquoi il doit faire des analyses de sang, etc. « Avec le réseau, nous prévoyons de former les différents acteurs de la prise en charge en ville – infirmières, généralistes, pharmaciens – sur ces traitements, et de concevoir une fiche permettant à l’officinal de délivrer les messages indispensables et de recueillir les informations nécessaires lors de la dispensation », relève Michel Leroy. Le réseau travaille également sur l’amélioration du transfert des patients de l’hôpital aux services de soins de suite et de réadaptation, sur la formation des auxiliaires de vie et, enfin, sur la coordination des services sociaux, afin d’améliorer l’articulation ville-hôpital.

OLIVIA JAMET

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2765