Le nombre de décès relevé par l'enquête de pharmacovigilance, originellement estimé à 48, a été ramené à 47 après que l'INCa a découvert qu'un cas avait fait l'objet de deux notifications. L'ANSM précise que le nombre de cas « graves » déclarés rapportés au nombre estimé de patients exposés a augmenté au cours de deux périodes : une première période en 2010 puis récemment de 2015 à 2016. L'agence n'avance toutefois aucune explication à cette augmentation.
Des complications dès la première cure
Selon l'INCa, les complications fatales survenues après utilisation du docétaxel sont « relativement stéréotypées », et prennent la forme d’une colite compliquée de choc septique en période de cytopénie profonde. Les signes apparaissent entre le quatrième et le dixième jour, et peuvent sembler suffisamment anodins pour n’entraîner que de façon retardée une demande de consultation. « Un nombre important de complications survient dès la première cure, ce qui pose la question d’une susceptibilité individuelle, immuno-allergique ou influant sur la pharmacocinétique », poursuit l'INCa qui précise « qu'aucun élément n’a permis d’incriminer une spécialité particulière de docétaxel ».
L'INCa ajoute qu'il « est probablement utile d’accorder une attention particulière aux comorbidités au moment de la décision de recourir à cette classe médicamenteuse, de lui associer systématiquement des facteurs de croissance de la lignée granuleuse, et de s’interroger sur la dose de corticoïdes réellement indispensable à la réduction du risque œdémateux ». L'institut ajoute que ces événements pourraient conduire à une forte incitation des malades à prendre contact dès les premiers signes digestifs auprès de l’oncologue qui les a soignés, et à rappeler à la communauté médicale que ces troubles digestifs après docétaxel sont beaucoup moins anodins qu’après la prise de la majorité des autres médicaments anticancéreux.
De nouvelles recommandations attendues
L’INCa, va émettre dans les mois qui viennent de nouvelles recommandations sur la place des taxanes (docétaxel et paclitaxel) dans le traitement des patientes atteintes d’un cancer du sein infiltrant non métastatique. Dans l’attente de ce nouveau texte, l'ANSM et l'INCa considèrent que la recommandation d’éviter temporairement l’utilisation du docétaxel dans les cancers du sein infiltrants non métastatiques, prise à titre de précaution en février 2017, ne peut être levée.
Ces informations complémentaires sont issues de la réunion qui s'est tenue dans les locaux de l'ANSM le 28 avril dernier réunissant l’INCa des oncologues, des pharmaciens et des représentants du réseau UNICANCER. Les participants ont échangé sur les investigations menées par l’ANSM depuis août 2016 à la suite de plusieurs signalements de cas d’entérocolites d’issue fatale. Sur la période de 20 ans couverte par l’enquête, plus de 600 000 patients ont été traités par docétaxel dans toutes ses indications.
En avril, l’agence européenne du médicament rappelle a maintenu que ce produit peut être utilisé conformément aux recommandations de l’AMM. Le comité de pharmacovigilance de l'EMA poursuit cependant l’évaluation du signal issu des déclarations de cas d’effets indésirables. Le sujet sera à nouveau discuté au cours de la réunion du PRAC du mois de juin.
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