SI CERTAINS EFFETS, comme la potentialisation des allergies respiratoires, « sont indéniables », de nombreuses interrogations demeurent pour d’autres, tels que l’impact sur la mortalité, le cancer du poumon ou les accidents cardiovasculaires.
Par leur petite taille ainsi que leur caractère hydrophobe, les particules issues des moteurs Diesel (PDi) – qui représentent environ 40 % de la pollution particulaire urbaine – atteignent facilement le compartiment alvéolaire des poumons « où elles peuvent séjourner pendant plusieurs mois », précise Michel Aubier. Concernant l’asthme, plusieurs études (au Japon, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Suède) ont montré que « vivre dans des zones urbaines polluées augmente la fréquence de l’allergie ».
Comme d’autres particules fines, les particules diesel « peuvent être responsables de phénomènes d’irritation bronchique qui peuvent entraîner une réponse inflammatoire et une hyperréactivité bronchique (HRB) », caractéristiques fondamentales de la maladie asthmatique. D’après des expériences menées chez l’animal et chez l’homme, ces particules auraient un « effet adjuvant sur le développement et l’intensité des réponses inflammatoires allergiques ».
Un facteur aggravant.
Toutefois, le Dr Michel Aubier rappelle que les études épidémiologiques étudient la pollution particulaire dans son ensemble et pas seulement les PDi. « De plus, si la pollution de l’air a été largement incriminée dans l’augmentation de la prévalence de l’asthme et des manifestations cliniques d’allergies, la cause de cette augmentation n’est pas réellement déterminée. » Il s’agirait plutôt d’un « facteur aggravant qu’un facteur causal direct ».
Pour ce qui concerne le cancer du poumon, il faut noter que le diesel a été récemment classé cancérigène par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). « Le potentiel mutagène des PDi a déjà été noté il y a plus de 55 ans et plus de 6 000 publications concernant ce sujet sont disponibles », confirme Michel Aubier. « De ces publications, il ressort un faible risque relatif de cancer du poumon chez des populations ayant une exposition professionnelle (garagistes, conducteurs de camion). » Pour le pneumologue, la décision du CIRC sur la dangerosité des émissions de moteur Diesel se fonde notamment sur « une étude relative à l’exposition d’une population travaillant dans des zones confinées (mineurs américains) à des taux importants de particules provenant d’engins à moteur Diesel non équipés des technologies récentes et en particulier de filtre à particules ».
Par ailleurs, des études concernant l’exposition particulaire sur le long terme ont démontré une mortalité de cause cardio-vasculaire augmentée par rapport à des populations vivant dans des villes à faible pollution atmosphérique particulaire. Cependant, « ces études concernent la pollution particulaire globale », nuance le Dr Aubier. « Néanmoins, des études expérimentales chez le rongeur ont montré que les PDi entraînaient un état d’hypercoagulabilité sanguine. » Quant aux résultats d’études sur la mortalité liée aux PDi, ils doivent être interprétés « avec prudence ». En effet, « il s’agit d’une mortalité prématurée de quelques mois à une ou deux années concernant les sujets fragiles, c’est-à-dire essentiellement les personnes âgées souffrant d’une maladie respiratoire ou cardio-vasculaire chronique », précise le médecin.
Le problème actuel est donc celui de « la diminution de la pollution liée aux transports dans sa globalité plutôt qu’une focalisation sur les émissions des moteurs Diesel, compte tenu de l’évolution des technologies », conclut le Dr Michel Aubier.
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Françoise Amouroux
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