LA FINALITÉ de l’étude NutriNet Santé est de mieux comprendre les relations entre la nutrition et la santé et de connaître les déterminants des comportements alimentaires. « Concernant le grignotage, il ne s’agit pas d’étudier le phénomène en lui-même mais de collecter des informations sur les prises alimentaires (boissons y compris) hors des repas », précise le Pr Hercberg, directeur et coordinateur de ce vaste programme de recherche publique. Des questionnaires simples et ludiques ont permis d’obtenir des réponses très précises et les quantités consommées ont été estimées à l’aide de photos qui permettaient de déterminer des portions.
Le grignotage se définit comme la prise d’aliments ou de boissons caloriques entre les trois principaux repas (sont exclues les prises d’eau ou de boissons non énergétiques). Le grignoteur est considéré comme occasionnel s’il a consommé au moins une prise alimentaire correspond à un grignotage au cours des deux jours sur les trois de l’enquête, il est qualifié de régulier si le grignotage a eu lieu sur les trois jours de l’enquête, et de non grignoteur s’il n’a rien grignoté ou s’il a consommé une seule prise. Il apparaît que 61 % de la population des nutrinautes grignotent, 26 % de façon occasionnelle et 35 % de façon régulière. Les femmes grignotent plus que les hommes (65 % vs 57 %) et de façon plus régulière (38 % vs 32 %). On observe également que les générations plus âgées (plus de 55 ans) grignotent moins que les plus jeunes, et on retrouve plus de grignoteurs chez les chômeurs et les classes sociales défavorisées que chez les artisans, commerçants ou chefs d’entreprise (66 % vs 57 %). En revanche, le pourcentage de grignoteurs réguliers augmente avec le niveau d’éducation. L’étude livre aussi des résultats sur la nature du grignotage et sa distribution dans la journée. Chez les grignoteurs occasionnels, l’apport calorique du grignotage représente 273 calories/jour, soit 13,3 % de l’apport calorique total, et chez les grignoteurs réguliers l’apport énergétique est de 484 calories soit 22,4 % de l’apport total.
Un impact défavorable sur l’équilibre nutritionnel.
Les groupes d’aliments impliqués diffèrent selon le sexe : les femmes aiment grignoter les produits gras et sucrés (44,3 %), surtout l’après-midi, et, dans une moindre mesure, les boissons caloriques sucrées (8,4 %) et alcoolisées (8 %), alors que les hommes préfèrent les boissons caloriques sucrées (10,3 %) ou alcoolisées (21,2 %), et la prise d’alcool hors repas augmente au cours de la journée et dans la soirée. Dans les deux cas, la part des fruits est faible (12 % pour les femmes et 8 % pour les hommes). L’apport énergétique associé aux grignotages est relativement comparable selon les tranches horaires, mais il majore l’apport calorique total sur 24 heures et il augmente avec le nombre de grignotages. En moyenne, pour un même individu, l’apport calorique d’une journée avec grignotage est supérieur de 181 calories par rapport à une journée sans grignotage. Cette majoration résulte en particulier d’une augmentation des glucides simples et, dans une moindre mesure, des lipides. Malgré une forte contribution des boissons alcoolisées dans l’apport énergétique des grignotages, la consommation totale d’alcool est comparable, quel que soit le nombre de prises alimentaires.
« Cette première évaluation montre que si la pratique du grignotage est répandue dans la population des internautes (deux personnes sur trois) elle ne déstructure par les modèles alimentaires ; elle n’est pas une alternative et ne remplace pas un repas, on reste sur le modèle alimentaire de trois repas principaux par jour », constate le coordinateur du programme. Si environ 8 % des hommes et 4 % des femmes ne prennent régulièrement que deux repas par jour, ils le font indépendamment des grignotages. Mais le grignotage a des conséquences défavorables sur le type d’aliments consommés et la qualité de l’équilibre nutritionnel. L’étude NutriNet-Santé permettra dans le futur de mettre en évidence ses effets potentiels sur la prise poids et les facteurs de risque cardio-vasculaires associés.
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