DES CENTAINES d’études ont été publiées sur les effets bienfaisants du régime méditerranéen, se concentrant sur les maladies vasculaires, des cancers et la mortalité totale. Ce régime partage de nombreuses caractéristiques avec d’autres diététiques saines, mais il s’en distingue par son contenu en huile d’olive.
Les explorations sur les relations entre le régime méditerranéen et les maladies neurologiques ne datent que de peu de temps. Là aussi, des effets bénéfiques potentiels sont apparus pour la maladie d’Alzheimer, les oublis bénins de la sénescence, le déclin cognitif, le tremblement essentiel, la maladie de Parkinson et les AVC. Beaucoup de ces travaux ont été faits aux États-Unis où la consommation d’huile d’olive n’est pas importante et ils n’explorent pas directement les maladies neurologiques.
L’étude française des Trois Villes (Bordeaux, Dijon et Montpellier), une étude prospective de cohorte sur les facteurs de risque vasculaires des démences, qui a commencé en 1999, a déjà été l’objet de publications. En 2009, on rapportait de meilleures performances cognitives et un déclin cognitif plus lent chez les plus gros consommateurs d’huile d’olive.
Pour ce qui concerne la prévention primaire des maladies cérébrovasculaires, les recommandations diététiques aux États-Unis, comme en Europe, ont déjà suggéré de réduire le sel et les graisses saturées, d’augmenter le potassium, les fruits, les légumes et les fibres. Le rôle potentiel de l’huile d’olive vient juste d’être exploré dans ce domaine, toujours dans le cadre de la cohorte des Trois Villes.
Cecilia Samieri (université de Bordeaux et INSERM U897) et coll. écrivent dans « Neurology » que les consommations les plus élevées d’huile d’olive dans ces villes françaises sont associées à une réduction de l’incidence des AVC au cours du suivi de 5 ans. La population étudiée était composée de 7 625 personnes de 65 ans et plus au moment de l’inclusion. Dans cet échantillon, il y a eu 148 AVC incidents. Des ajustements ont été faits pour des facteurs sociodémographiques, l’activité physique, l’IMC et des facteurs de risque des AVC.
Les sujets avaient été catégorisés selon la quantité d’huile d’olive qu’ils consomment et la population a été divisée en trois tertiles : les uns ne s’en servent jamais, les autres l’utilisent de manière intensive (à la fois pour cuisiner, les assaisonnements et sur les tartines) et entre les deux, certains l’utilisent d’une manière modérée, soit pour la cuisson, soit pour les assaisonnements, soit sur le pain.
En comparant les individus qui ne prennent jamais d’huile d’olive à ceux qui en font un usage intensif, les deuxièmes bénéficient d’une réduction de 41 % du risque d’AVC : 1,5 % en six ans comparativement à 2,6 % (IC 95 % 6 %-63 %, p = 0,03). L’association protectrice entre huile d’olive et AVC est significative pour les AVC ischémiques et non pour les AVC hémorragiques.
Les participants utilisent principalement de l’huile d’olive vierge obtenue par pression à froid qui est disponible en France à 98 %. Les forts utilisateurs d’huile d’olive sont plus fréquents à Montpellier (42 %) et Dijon (38 %) qu’à Bordeaux (28 %).
Les mécanismes sous-jacents peuvent inclure des interactions protectrices entre l’huile d’olive et d’autres facteurs de risque (diabète, HTA, profil lipidique, maladie coronarienne et obésité). On évoque aussi des effets antithrombotiques, une protection endothéliale contre le développement de l’athérosclérose, une amélioration de la résistance à l’insuline ainsi que des effets antioxydants et anti-inflammatoires.
L’huile d’olive est généralement ajoutée à d’autres aliments tels que crudités, légumes, céréales et poissons, dont la palatabilité se trouve ainsi améliorée, contribuant de manière indirecte à son efficacité.
L’acide oléique, acide gras mono-insaturé (AGMI), constitue de 70 à 80 % des acides gras contenus dans l’huile d’olive. Différentes huiles extraites de grains (tournesol, soja et colza) riches en AGMI et en acide oléique n’ont pas été associées de manière aussi consistante à des bénéfices sur la santé.
Pour documenter cette question, Samieri et coll. ont dosé le taux d’acide oléique plasmatique chez un échantillon de 1 245 personnes. Pendant le suivi de six ans, 27 AVC sont survenus. Comparés à ceux situés dans le premier tertile, ceux du troisième, qui correspond aux forts consommateurs d’huile d’olive, ont une réduction de 73 % du risque d’AVC. Les deux populations n’étant pas superposables, les auteurs indiquent que leurs résultats « peuvent suggérer que des composants de l’huile d’olive autres que l’acide oléique peuvent conférer une protection contre les AVC ». Ils citent la vitamine E, des caroténoïdes, le squalène, la chlorophylle et des composés phénoliques (oleuropéine, oloecanthal et flavonoïdes).
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