Quelques chiffres
L’halitose concerne un patient sur quatre de manière chronique.
Une personne sur deux rencontre un problème d’halitose au cours de sa vie.
Un tiers des personnes se plaignant d’halitose ont en fait une pseudo-halitose.
Quelques définitions
L’origine de l’halitose est buccale dans plus de 85 % des cas. Elle peut être due à une gingivite, une parodontite, une poche parodontale, une carie, un abcès dentaire, une candidose, un cancer, une sécheresse buccale ou xérostomie…
Elle est d’origine ORL dans 5 % des cas (rhinite chronique, polypose sinusale, écoulement nasal postérieur…) et amygdalienne dans 3 % des cas (amygdales cryptiques, caséum, tonsillolithes). Son origine digestive est plus rare contrairement aux idées reçues puisqu’elle ne concerne qu’1 % des cas (UGD, RGO, infection à Helicobacter pylori, hernie hiatale). Les autres sources de mauvaise haleine sont liées à l’alimentation (ail, oignons, épices, régime hyperprotéiné), aux habitudes de vie (hygiène buccale, tabac, café, alcool, stress), aux variations hormonales (certaines femmes se plaignent de mauvaise haleine pendant leurs règles), à certains médicaments (300 à 500 médicaments seraient responsables de sécheresse buccale : analgésiques, anticholinergiques, antidépresseurs, anxiolytiques, diurétiques, bronchodilatateurs…). Certaines maladies systémiques peuvent s’accompagner aussi d’une mauvaise haleine : l’ammoniaque ou les corps cétoniques peuvent être éliminés par voie respiratoire lors d’insuffisance hépatique sévère, d’insuffisance rénale terminale, d’acidocétose diabétique ou d’autres états cétosiques…
La pseudo-halitose est la conviction fausse de souffrir d’halitose. Elle peut amener à une véritable phobie ou halitophobie.
La mauvaise haleine au réveil est transitoire et physiologique. En effet, la musculature de la langue et de la joue est au repos et la salivation diminue, favorisant le développement bactérien. Ce phénomène peut être amplifié en cas de congestion nasale.
Les composés sulfurés volatils (CSV) sont les composés responsables de l’halitose. Ce sont principalement le sulfure d’hydrogène qui est un gaz acide responsable de l’odeur d’œuf pourri, le méthylmercaptan, gaz qui donne une odeur de chou pourri, le diméthylsulfuré, liquide responsable de l’odeur de chou, et le diméthyldisulfure. Ces composés se trouvent en quantité faible dans la cavité buccale mais dans la nature ils peuvent être nocifs pour l’homme et dangereux pour l’environnement.
Un peu de physiopathologie
Les bactéries sont souvent impliquées dans l’halitose d’origine buccale. Elles s’accumulent sur la langue, produisant les composés sulfurés volatils. Les protéines alimentaires, salivaires et du fluide gingival se transforment, sous l’action de protéases salivaires, en peptides qui se transforment eux-mêmes sous l’action de protéases bactériennes en acides aminés sulfurés (méthionine, cystine, taurine, homocystéine). Ces acides aminés, sous l’influence de bactéries anaérobies Gram négatif, génèrent les CSV qui sont responsables des mauvaises odeurs. Ils s’accumulent sur l’enduit lingual qui s’épaissit et agissent au niveau du collagène, des fibroblastes et des cellules épithéliales en provoquant un retard de cicatrisation gingivale. Un pH alcalin favorise ce phénomène.
Les mots du conseil
Faut-il consulter ?
La consultation s’impose dès lors que l’apparition de l’halitose s’accompagne de fièvre, de perte de poids ou d’autres éléments évocateurs d’une maladie sous-jacente.
Dans les autres cas, une consultation dentaire permettra de trouver l’étiologie si l’halitose persiste malgré les conseils apportés. Selon l’origine, des interventions diverses peuvent avoir lieu : traitement d’une carie, traitement au laser dans certaines origines ORL, amygdalectomie… De même, lorsque l’halitose est très mal vécue par la personne en souffrant, une aide psychologique peut lui être bénéfique.
Comment détecte-t-on une halitose ?
L’examen organoleptique consiste à sentir l’odeur de l’haleine. On attribue alors un score organoleptique d’halitose, allant de 0 à 5. En plus d’un simple examen organoleptique, le dentiste peut disposer d’un halimètre qui mesure la teneur en composés sulfurés volatils.
Le wrist-licking test consiste à lécher son poignet puis à sentir l’odeur qui se dégage. Le spoon test consiste à gratter à l’aide d’une cuillère en plastique à l’arrière de la langue puis à sentir la cuillère.
Hygiène dentaire
Certaines personnes se plaignant d’halitose peuvent avoir une hygiène buccodentaire irréprochable mais il faut le vérifier. Elles abordent parfois elles-mêmes le sujet : « Pourtant, je me brosse les dents après chaque repas, j’utilise des bains de bouche… ». C’est l’occasion d’embrayer en rappelant les conseils de base. Le brossage des dents se fait après chaque repas de la gencive jusqu’à l’extrémité de la dent, sans oublier l’arrière des dents, le palais et la langue. Une solution dentaire permet de compléter le brossage en luttant contre la plaque dentaire. Les brossettes peuvent être utilisées lorsqu’il existe des zones difficiles à atteindre.
Conseils alimentaires
Augmenter le nombre de repas permet de stimuler le flux salivaire et de diminuer le pH dans la bouche. Il est conseillé d’éviter les aliments potentiellement déclencheurs d’une halitose, à savoir par exemple l’ail, l’oignon ou les épices. Café, alcool et tabac, dont l’odeur s’imprègne, sont aussi à proscrire. Éviter aussi les repas trop riches en protéines (laitages, viandes…). Il est conseillé aussi de boire deux litres d’eau par jour, par prises régulières pour éviter une sécheresse de la bouche, dans la journée et avant le coucher.
Les produits conseils
Les villosités de la langue sont le siège des bactéries à l’origine des CSV. Les gratte-langues sont indiqués pour brosser la langue et ainsi éliminer l’enduit lingual qui se dépose lors de la lyse des protéines. Attention toutefois à les utiliser avec douceur et parcimonie. Il est conseillé de frotter la langue de sa base vers son extrémité, et du centre vers les côtés, puis de procéder à un rinçage de la bouche.
Les bains de bouche permettent de diminuer le nombre de bactéries présentes dans la bouche et de ce fait la production de composés sulfurés volatils. Ils agissent seulement pendant quelques heures. Leur usage prolongé présente des inconvénients : ils peuvent irriter la langue et la chlorhexidine peut colorer les dents. Préférer les bains de bouche sans alcool qui n’assèchent pas les muqueuses, la sécheresse buccale étant un facteur d’aggravation de l’halitose.
De nombreux produits sur le marché consistent à masquer l’odeur dégagée par la bouche lors d’une halitose. On les trouve sous forme de sprays, de pastilles, de bains de bouche, de chewing-gums, de feuilles aromatiques. C’est essentiellement la menthe qui est utilisée pour camoufler les odeurs. Les sprays présentent l’avantage d’agir rapidement car ils épargnent le temps de délitement nécessaire aux pastilles. Les chewing-gums sont un bon ennemi de l’halitose car ils stimulent la sécrétion salivaire pendant la mastication, mais celle-ci ne doit durer que quelques minutes.
D’autres produits tentent d’agir directement sur la source de l’halitose. Par exemple, la propriété du lactate de zinc est la neutralisation des composés volatils sulfurés. La chlorhexidine et le chlorure de cétylpyridinium agissent sur la paroi des bactéries en provoquant la destruction de celles-ci et en diminuant ainsi la production de composés sulfurés volatils. Le xylitol, substitut du sucre dans certains chewing-gums, n’est pas fermenté par les bactéries présentes dans la bouche. Il inhibe le développement de Streptococcus mutans responsable de la maladie carieuse et a une action sur le pouvoir tampon de la salive.
Le thé vert (Camelia sinensis) a des propriétés antioxydantes, antibactériennes, diminue la plaque et l’inflammation, inhibe l’action des collagénases et capte les CSV pour les transformer en composés sulfurés non volatils (CSNV). L’huile essentielle de persil (Petroselinum crispum), grâce à sa richesse en composés phénoliques, possède des propriétés antioxydantes et désodorisantes et capte les composés soufrés pour les transformer en CSNV. Attention : celle-ci est contre-indiquée chez la femme enceinte en raison de ses propriétés abortives.
Les amines fluorées et le fluorure d’étain ralentissent le métabolisme des bactéries anaérobies et diminuent donc la production de CSV.
De nombreuses études sont en cours pour évaluer l’intérêt des probiotiques dans la surface buccale. En effet, certains Lactobacillus et Streptococcus, en adhérant suffisamment à la surface buccale et intégrés à des bains de bouches, des pastilles, des chewing-gums, pourraient permettre de lutter contre les bactéries pathogènes et d’inhiber la production de composés sulfurés volatils.
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