LE GOUVERNEMENT passe la vitesse supérieure. Face à la nouvelle accélération de l’épidémie de grippe A(H1N1), un arrêté publié en fin de semaine dernière organise la délivrance gratuite des antiviraux dans les officines, en échange d’une prescription médicale. Déjà, les pharmaciens délivraient, à titre gracieux, les masques antiprojections aux patients munis d’une ordonnance. Désormais, ils sont invités à faire de même avec les traitements.
Plus précisément, dans quelques jours, les pharmaciens pourront délivrer sur ordonnance des kits comprenant un traitement antiviral et une boîte de masques issus du stock national. Le traitement antiviral peut être soit le Tamiflu 75 mg, soit le Relenza ou l’oseltamivir 30 mg conditionné par la pharmacie centrale des armées. La délivrance est « limitée à un kit par personne et par ordonnance », précise l’arrêté. Selon la prescription, l’officinal peut aussi être amené à délivrer seulement un des produits du kit.
. Une indemnité de délivrance
Quel que soit le nombre de composant dispensé, le titulaire percevra une indemnité de 1 euro hors taxes, soit 1,20 euro TTC. C’est en effet le tarif de la prestation qui devra être facturée à l’assurance-maladie, la TVA retenue étant celle à 19,6 %, selon Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Lors de la facturation, il faudra aussi saisir le code de chaque boîte d’antiviral et de masque, comme lors d’une délivrance classique. Pour leur part, les grossistes-répartiteurs seront indemnisés 0,50 euro hors taxes pour la distribution du kit.
Toutefois, il faudra attendre encore quelques jours pour que la mesure devienne opérationnelle. Car, explique Roselyne Bachelot, la publication de cet arrêté ne signifie pas pour autant l’accès au stock d’État dans l’immédiat. « Il est en effet nécessaire de positionner ce stock dans les 22 000 officines pharmaceutiques et d’informer les professionnels de santé concernés des nouvelles modalités de prescription, ce qui prendra quelques jours », modère-t-elle. Le dispositif devrait être opérationnel le 21 décembre. Dernière précision, il sera levé par la ministre de la Santé dès que la situation épidémique ne le justifiera plus.
D’ici au 21 décembre, « un premier stock d’amorce va être livré à chaque officine, comprenant 5 flacons de Relenza poudre pour inhalation, 15 boîtes d’oseltamivir PG 30 mg comprimés sécables dispersibles et 10 boîtes de Tamiflu 75 mg gélules pour adultes », précise l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) dans ses « Informations professionnelles » du 7 décembre. Le réapprovisionnement s’effectuera, à la demande de l’officine, auprès du grossiste répartiteur qui lui a été affecté. À noter que ces produits doivent être rangés dans un endroit séparé des autres médicaments.
. Les solutions pédiatriques à l’officine
Autre mesure exceptionnelle prise dans le cadre de l’épidémie de grippe A(H1N1) : l’autorisation accordée aux pharmaciens de préparer dans leur officine les solutions de Tamiflu pour les enfants de moins de un an, une pratique normalement réservée aux pharmacies hospitalières. Pour cela, le code de la Santé publique a même été modifié afin de lever l’interdiction de déconditionner les boîtes de médicaments. Un récent décret stipule ainsi que, « à titre exceptionnel, une préparation magistrale peut être réalisée à partir d’une spécialité pharmaceutique dans le respect des conditions prévues par les bonnes pratiques de préparation. » Les bonnes pratiques de préparations élaborées par l’AFSSAPS précisent, par ailleurs, que la réalisation d’une préparation magistrale issue du déconditionnement de spécialités pharmaceutiques ne peut se faire qu’à deux conditions : l’impossibilité de disposer de la matière première par un autre moyen que le déconditionnement, et l’absence de spécialité disponible et adaptée pour traiter la pathologie concernée. En ce qui concerne la facturation, elle doit être réalisée selon les règles habituelles, indique l’UNPF. En pratique, la matière première étant gratuite, seulement le flacon, la pipette et la main-d’œuvre devront être comptabilisés, explique Gilles Bonnefond.
. Informer sur la vaccination.
Enfin, le ministère de la Santé compte également sur les confrères pour afficher sur leurs vitrines les adresses et les heures d’ouverture des centres de vaccination les plus proches*. Le Conseil national de l’Ordre les encourage vivement à le faire. « Les pharmaciens en contact avec le public (officinaux, hospitaliers, pharmaciens biologistes) trouvent là une nouvelle occasion de jouer leur rôle de postes avancés de santé », affirme l’instance. Notamment ceux des officines qui, avec un total de plus de 100 km de vitrines réparties sur tout le territoire, constituent, pour l’Ordre, un potentiel unique pour la diffusion de telles informations.
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