INTRODUIT dans le cadre des discussions sur le projet de loi Consommation, l’amendement autorisant la vente des tests de grossesse et d’ovulation hors des pharmacies n’en finit pas de faire des vagues. Pour les parlementaires, « la libéralisation de ces produits constitue un levier de croissance important ». Le ministre de la Consommation, Benoît Hamon, y est également favorable, dans une optique de baisse de prix. La ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, affirme quant à elle qu’« il s’agit d’une avancée pour notre santé publique. De cette ouverture on peut attendre légitimement une baisse des prix et un accès plus aisé à ces produits médicaux. La protection des femmes enceintes est notre priorité, ce qui implique qu’elles aient connaissance le plus tôt possible de leur grossesse ».
Système à deux vitesses
De leur côté, les pharmaciens sont vent debout contre cette mesure, prise sans concertation préalable. « Nous avons été victimes d’une manœuvre souterraine qui nous a empêchés de réagir, déclare Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Le lobby de la grande distribution prend une place de plus en plus importante dans les décisions sur la santé. C’est inquiétant ».
L’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) se déclare également « contre » ce projet. Elle estime que « ce n’est pas la caissière d’un supermarché qui peut expliquer comment cela fonctionne ». Quant à la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), elle estime que « l’interprétation de ces tests sans l’accompagnement d’un professionnel de santé n’est pas sans risques ». Pour elle, l’absence de conseil pourrait « exposer les utilisatrices à un risque accru de faux négatifs, avec pour conséquence la perte de chance de bénéficier d’une prise en charge adapté en cas de rapport non protégé. C’est donc un véritable système à deux vitesses, où seules les femmes qui feront l’acquisition de tests de grossesse en pharmacie pourront bénéficier de conseils appropriés, qui risque d’être instauré », dénonce la FSPF tout en rappelant que le prix de vente de ces tests en France est parmi les plus bas d’Europe. Le syndicat réclame donc « la suppression pure et simple de cet article et en appelle à la représentation nationale pour résister à la pression des grandes surfaces ».
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