LA VÉRITÉ est au fond du verre, dit-on. Elle est aussi parfois au fond de l’éprouvette. Voilà ce que suggèrent les récents travaux menés par des chercheurs d’Angers visant à élucider les mécanismes du célèbre « french paradox ». S’il est en effet bien connu que boire modérément du vin rouge réduit le risque de maladies cardiovasculaires, et que la présence de polyphénols dans le breuvage n’est pas étrangère à cette protection, restait à élucider le mécanisme intime de l’action de ces substances. Pour y parvenir, l’équipe menée par Ramaroson Andriantsitohaina, chercheur à l’INSERM, est partie de quelques acquis pour formuler une hypothèse : sachant qu’il existe une analogie structurelle entre les estrogènes féminins et les polyphénols du vin - substances qui ont en commun des propriétés vasodilatatrices -, et qu’il est notoire que les femmes ont un risque cardiaque plus faible avant la ménopause, les chercheurs ont voulu vérifier l’affinité des polyphénols pour les récepteurs ERalpha des estrogènes responsables au niveau de la membrane de l’endothélium vasculaire de la libération de monoxyde d’azote et donc de la vasodilatation. L’utilisation de souris ERalpha déficientes a ainsi permis de tester l’effet vasodilatateur d’un extrait de vin rouge comparé au 17 bêta estradiol. Résultat ? Les polyphénols du vin rouge provoquent bien la baisse de la tension artérielle chez les souris dotées du récepteur ERalpha, mais n’induisent aucun relâchement vasculaire chez les souris qui en sont dépourvues.
Le « french paradox », un peu moins paradoxal ? Certes, mais ce résultat ne doit pas faire oublier une salutaire modération. Même si, comme disait le grand Pasteur : « Le vin est le breuvage le plus sain et le plus hygiénique qui soit ».
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