Plus de 60 % des femmes préféreraient avoir leurs règles moins de 12 fois par an, révèle une étude européenne conduite auprès de 6 000 personnes, ISY (inconvenience due to women'S monthlY bleeding), pour Teva*, et présentée en Autriche fin mai, au musée de la contraception. Parmi elles, 49 % souhaiteraient ne pas les avoir, 34 % voudraient les avoir tous les 3 mois, 8 % tous les six mois, et 8 % une fois par an.
Ces femmes se plaignent en effet de douleurs pelviennes (65 %), d'irritabilité (59 %) et de sautes d'humeur (59 %). Dans une moindre mesure, elles souffrent de maux de tête (26 %), de dos (17 %). Une minorité (5 à 10 % des femmes carencées en fer) se retrouve anémiée, 9 à 13 % ont des ménorragies, ajoute le Dr Helena Kopp Kallner, gynécologue obstétricienne. Avec à la clef, un impact négatif sur leur vie sociale, sexuelle, professionnelle, et sportive.
De 160 cycles avant la contraception à… 450 aujourd'hui
Fondateur il y a 9 ans du musée de la contraception - sis au premier étage d'un immeuble de Vienne, rassemblant les moyens historiques de contraception comme le bidet, les préservatifs à base de membrane de poisson, les stérilets de toute forme, et des documents sur l'avortement - le Dr Christian Fiala milite pour le contrôle de la fertilité… jusqu'au contrôle de ses règles.
« En tant que femmes, soit vous contrôlez votre fertilité, soit la fertilité contrôle votre vie », explique-t-il, rappelant que naturellement, une femme est susceptible de connaître entre 12 et 15 grossesses dans sa vie, une dizaine d'accouchements, et 7 ou 8 enfants à éduquer. La période d'allaitement peut ainsi aller jusqu'à 2 ans.
« La jeune génération n'a pas idée de la force de la fertilité », insiste-t-il. En cause : le développement des moyens de contraception, à commencer par le préservatif puis la pilule à la fin des années 1960, qui a entraîné jusqu'en 1980 une baisse de la fertilité, inédite dans l'histoire de l'humanité.
Mais la pilule ne devrait pas être cantonnée au contrôle de la fertilité. « Si les femmes peuvent contrôler leur fertilité, pourquoi ne pourraient-elles pas contrôler leurs menstrues ? », demande le Dr Fiala. Selon le gynécologue obstétricien, les promesses de liberté que recelait la pilule étaient telles qu'elles risquaient d'entraver son acceptation par les autorités sanitaires en 1960. Si bien que Gregory Pincus, médecin biologiste américain, co-inventeur de la pilule, grâce aux financements de la millionnaire Katharine McCormick et le soutien de l'activiste Margaret Sanger, a préféré limiter ses indications au contrôle de la grossesse, poursuit le directeur du musée.
Mais avoir ses règles sous contraception est loin d'être naturel, puisque ce sont des hémorragies de privation, souligne le Dr Fiala. Sans compter qu'avant la pilule, aucune femme ne connaissait 450 cycles dans sa vie (mais plutôt 160 entre les grossesses).
« Il n'y a aucun danger à enchaîner deux plaquettes de contraceptifs pour ne pas avoir ses règles », assure le Dr Helena Kopp Kallner. Et d'inviter à parler librement des règles, pour favoriser le libre choix des femmes.
* Les laboratoires Teva ont lancé en novembre 2015 Seasonique, contraceptif oral à cycle prolongé (91 jours soit trois mois), permettant aux femmes de n'avoir que 4 épisodes menstruels programmés par an.
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