La notion d'aliments favorables à la santé est très ancienne. Elle a précédé celle du médicament au temps où l'Homme prélevait dans la nature les produits les plus aptes à le guérir ou à le maintenir en bonne forme. Aujourd'hui, elle est réactivée par l'aspiration des consommateurs à recourir au naturel, au bio et au rural. En fait, l'impact santé d'un aliment résulte de la combinaison d'effets et d'interactions aux niveaux biochimique et biologique. Il est influencé par le contexte alimentaire global et les composantes environnementales et socio-psychologiques. Avant de prétendre à une « médicalisation » de l'aliment, il faut bien réaliser la différence de finalité entre le médicament à vocation thérapeutique, souvent conçu en relation avec une cible biochimique spécifique, et l'aliment ou le nutriment à vocation essentiellement nutritive dont on attend indirectement des effets préventifs positifs sur la santé. En dehors du cas particulier des vitamines, les possibilités d'impact sur la santé des nutriments demeurent hypothétiques. C'est de manière prudente que les pouvoirs publics incitent à réduire les consommations de graisses, de sucre ou de sel, ou que les nutritionnistes préconisent une alimentation diversifiée pour éviter les excès et les déséquilibres. Ce sont des messages de modération et d'équilibre plutôt que des incitations à consommer des aliments spécifiques. « Or, nous sommes arrivés à un point où les progrès scientifiques permettent de mieux contrôler la pertinence des aliments santé et de préciser les modalités de leurs effets bénéfiques, reconnaissent les auteurs du rapport. L'Académie des Technologies estime que la percée la plus prometteuse pour les prochaines années est la mise en évidence des multiples impacts du microbiote sur le fonctionnement de notre organisme. »
Autre percée scientifique intéressante, la relation entre notre alimentation et l'expression de nos gènes, ainsi que ses répercussions sur une typologie des comportements individuels vis-à-vis des nutriments. Ces connaissances liant génome, maladies et aliments pourraient être intéressantes à exploiter dans le cadre d'une nutrition personnalisée sur la base de profils génétiques. Elles permettraient la mise au point de nouveaux aliments à effets physiologiques spécifiques pour retarder ou prévenir l'apparition de maladies chez des individus en bonne santé.
Un contexte réglementaire difficile
Actuellement, deux préalables limitent le développement de la filière des aliments santé ainsi que leur transformation en produits commercialisables. Le principal obstacle concerne les aspects réglementaires. Les procédures très exigeantes en matière d'allégations de santé au niveau européen rendent très hasardeuse et complexe, pour une entreprise, une demande d'homologation d'un principe actif ou d'un aliment. En cause également, les articulations insuffisantes entre le secteur alimentaire et le secteur pharmaceutique. L'Académie des Technologies appelle ainsi les pouvoirs publics « à un dialogue constructif entre les autorités européennes, les milieux industriels et académiques pour faire évoluer une réglementation qui pénalise à la fois l'industrie, la recherche créative et le mieux-être des consommateurs. »
L'autre frein vient des consommateurs eux-mêmes. Pour une majorité d'entre eux, l'argument santé n'est pas prioritaire dans les critères d'achat : le goût, le plaisir et le prix passent avant. La complexité et la diversité des attentes en fonction des contextes socioculturels entraînent des aspirations contradictoires et changeantes difficiles à cerner. Une réflexion éthique devrait être menée pour garantir une information honnête du consommateur et l'accès pour tous à ces aliments plus coûteux. Pour les rapporteurs « quels que soient les freins et obstacles, la filière aliments santé est en pleine mutation et continuera d'être l'objet d'expérimentations entraînant l'adhésion à d'autres innovations. »
D'après le rapport Aliments santé de l'Académie des Technologies.
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