Quels sont les virus incriminés ?
Les antigènes membranaires permettent de classer les virus en trois types A, B et C, ce sont les virus A qui sont responsables des épidémies les plus meurtrières. Les grippes à virus C sont rares et volontiers bénignes, se limitant à revêtir l'aspect d'un simple rhume.
Le virus para influenzae 3 est responsable de la grippe d'été, peu fréquente mais qui peut être dangereuse chez l'enfant et l'immunodéprimé.
À côté de la grippe authentique, il faut aussi (re) connaître l'existence d'autres causes possibles : infectieuses (VRS, dengue, coronavirus sras, entérovirus), parasitaires (paludisme) ou iatrogènes (traitement par interféron).
Pendant combien de temps est-on contagieux ?
En France, l'épidémie arrive le plus souvent entre les mois de décembre et de février et dure en général deux mois. La multiplication des virus se fait à un rythme exponentiel : c’est la phase d’incubation.
Dans sa forme typique, la grippe a une incubation moyenne de 48 heures. Les sujets sont contagieux jusqu'à cinq jours (sept pour les enfants) après le début des signes. Les patients immunodéprimés peuvent excréter du virus grippal dans leurs sécrétions nasopharyngées pendant plusieurs mois.
Le virus de la grippe circule toute l'année sous les tropiques et présente la même gravité potentielle que celle contractée dans les pays du Nord.
Comment optimiser la couverture vaccinale ?
Idéalement, la vaccination doit être réalisée dès le mois d'octobre. L'immunité apparaît dix à quinze jours après, et dure de neuf à douze mois. La vaccination ne protège pas à 100 %, elle diminue de 75 à 90 % le risque d’être infecté par le virus et lorsque la grippe est contractée, elle est moins intense qu’en l’absence de vaccination. Malgré les anticorps acquis lors d'une précédente infection, il existe des possibilités de réinfection par un même groupe de virus.
La transmission se fait-elle uniquement par voie aérienne ?
Le virus de la grippe et les virus para-influenzae sont fragiles et se transmettent par les microgouttelettes émises en toussant ou en éternuant, ils ont une survie limitée sur les objets et sur les mains.
D’où l'intérêt de réhabiliter les règles d'hygiène élémentaires : humidification de l'atmosphère, aération et désinfection des locaux, lavage fréquent des mains, nettoyage des objets souillés par les microbes (poignées de porte, téléphone), port de masque et de gants au contact des malades, utilisation de mouchoirs jetables.
Comment reconnaître la vraie grippe ?
Le début clinique est souvent brutal et les premiers symptômes sont une fièvre élevée (39 °C) et des frissons accompagnés d'arthralgies et de myalgies. Une remontée brutale de la température reste une caractéristique de la grippe appelée « V » grippal.
La phase d'état est marquée par l'apparition d'un syndrome catarrhal (laryngites avec toux sèche et douloureuse, rhinorrhée, hyperhémie conjonctivale). Des céphalées intenses peuvent être associées à une photophobie et à des douleurs rétro oculaires.
Ce tableau clinique évolue favorablement en quelques jours en l'absence de complications. En revanche, l'asthénie peut persister quelques semaines après la disparition des autres symptômes.
Quelles sont les complications à redouter ?
Elles peuvent être atténuées et inapparentes favorisant la dissémination : pleuropulmonaires à type de pneumopathies atypiques ; méningées à type de méningites lymphocytaires bénignes ; cardiaques à type de péricardites aiguës et parfois de myocardites ; digestives avec douleurs abdominales, vomissements, diarrhées.
Il faut également redouter les formes surinfectées : surinfections ORL (otites, sinusites, laryngites), suppurations bronchiques, pleurésies purulentes, pneumopathies bactériennes fréquentes. Quel que soit l'âge, l'existence d'une pathologie respiratoire comme l'asthme ou la BPCO doivent conduire à une surveillance étroite.
Quelle est l'évolution des symptômes selon l'âge ?
Chez l'enfant en dessous de 5 ans, l'expression clinique diffère de celle de l'adulte : somnolence et symptômes gastro-intestinaux sont fréquents. Les complications à redouter sont l'otite moyenne aiguë, les convulsions lors des poussées fébriles et une déshydratation. Le taux d'hospitalisation est élevé.
Chez le sujet âgé, les signes sont souvent frustres. Les complications à redouter sont des défaillances cardio-respiratoires, une déshydratation et une confusion mentale. Si le patient présente un risque particulier, il convient de surveiller la température, la PA, la fréquence cardiaque, la diurèse. Une surinfection impose le recours à une antibiothérapie.
Quels sont risques pour la femme enceinte ?
Chez la femme enceinte, la grippe augmente le risque d'avortement spontané au cours du premier trimestre et présente un risque de formes potentiellement létales.
Le vaccin a prouvé qu’il était utile, bien toléré et sans danger, surtout pour les femmes fragilisées par une maladie (diabète, hypertension, asthme…).
La vaccination de la mère est le meilleur moyen de protéger les bébés de 0 à 6 mois ; elle permet de protéger le nourrisson durant au moins trois mois via le transfert des anticorps maternels.
Pourquoi vacciner les enfants ?
Les enfants sont un vecteur majeur du virus et jouent un rôle dans la dissémination lors des épidémies annuelles. Dans la population infantile, en particulier d’âge scolaire, le pic épidémique précède de 15 jours celui de la population générale.
Plusieurs facteurs expliquent cette dissémination virale rapide. L’incubation de la grippe est très courte. La maladie est explosive. Les titres viraux sont élevés dans les sécrétions nasopharyngées et le portage est plus long (une dizaine de jours) que chez l’adulte. Les enfants vivent tôt en collectivité, ce qui facilite la diffusion du virus. Les enfants transmettent ainsi le virus aux adultes et à la fratrie de leur domicile.
Comment expliquer l'apparition d'un nouveau sous-type ?
Deux mécanismes expliquent ce phénomène : les glissements antigéniques entraînent des modifications mineures spontanées et rapides du virus, ils sont responsables d'épidémies saisonnières. Les cassures peuvent engendrer des virus hybrides responsables de pandémies mortelles.
En effet, lors de ces « sauts antigéniques » les virus échangent une partie de leur génome avec des virus grippaux animaux. La survenue de dernière minute d’une souche inattendue et non intégrée au vaccin peut réduire l’efficacité de ce dernier.
Pourquoi ajoute-t-on des adjuvants dans certains vaccins ?
La plupart des vaccins ne provoquent pas de réponse immunitaire innée suffisante. L'ajout d'un adjuvant renforce le pouvoir antigénique dont dépend le succès de la vaccination.
Les adjuvants peuvent en outre permettre de limiter les doses d’antigènes à administrer, de réduire le nombre d’injections nécessaires pour une bonne immunisation, ou encore stimuler l'immunité chez les plus faibles (personnes immunodéprimées, âgées…). Les vaccins contre la grippe sont sans adjuvant.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques